Les cours du pétrole finissaient vendredi dans les échanges européens en recul de 5% sur la semaine, dans une atmosphère assombrie par les chiffres de l'emploi américain publiés la veille, confortant le scénario d'une reprise très lente de la consommation mondiale d'énergie.

À 12h00 HAE, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août perdait 68 cents par rapport à la clôture de la veille, à 65,97 dollars, sur l'InterContinental Exchange (ICE).

Le baril de «light sweet crude» pour livraison en août lâchait quant à lui 64 cents à 66,09 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

Les échanges à la criée n'ont pas eu lieu vendredi à New York, le marché étant fermé en raison du jour de l'indépendance américaine.

Depuis la parution du rapport sur l'emploi américain jeudi, les cours du pétrole ont cumulé une perte de plus de 3 dollars à Londres comme à New York. Les opérateurs ont vendu leur pétrole, craignant d'avoir tablé trop tôt sur une reprise de l'économie américaine, et, par ricochet, de la consommation d'hydrocarbures.

Les prix se sont approchés vendredi du seuil de 65 dollars, tombant jusqu'à 65,77 dollars à Londres, leur niveau le plus bas depuis début juin.

Vers 12h00 (HAE), ils abandonnaient 4,3% de leur valeur à Londres et 5,3% à New York par rapport à leurs niveaux d'ouverture lundi.

Le rapport sur l'emploi américain «a montré que le marché du travail américain fait face à des pressions grandissantes, remettant en cause toute la saga des bourgeons de la reprise» et ces craintes «se sont propagées aisément sur le complexe de l'énergie», a commenté Marius Paun, analyste chez ODL Securities.

Les destructions d'emplois se sont accélérées fortement aux Etats-Unis en juin, où 467.000 emplois ont été perdus, faisant monter le taux chômage à 9,5%, selon les chiffres publiés par le département du Travail.

Dans son rapport prospectif annuel à moyen terme publié lundi, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a précisément souligné que la croissance de la demande pétrolière dépendrait «du rythme de la reprise de l'économie mondiale et des niveaux de croissance à moyen terme».

«La différence est de taille pour l'équilibre mondial du pétrole, avec une demande de 89 millions de barils par jour (mbj) en 2014 dans un scénario de croissance élevée, supérieur de 4 mbj au scénario de croissance basse», avait-elle écrit.

Le pétrole a souffert également de rapports faisant état d'une production plus importante en provenance de l'Opep. Le cabinet Oil Tanker, qui surveille l'activité des pétroliers dans les ports, a ainsi observé dans une note jeudi qu'à compter du 15 mai, sur une période de six semaines, «un volume de plus en plus important de pétrole brut était entré dans le système, accompagnant la hausse des cours».

Alors que les prix du brut sont passés de quelque 35 dollars en décembre à plus de 70 dollars en juin, les producteurs de l'Opep sont tentés de «tricher» et pomper plus de pétrole que leur quota ne leur permet.

Pour les analystes de Barclays Capital, «une série de données macroéconomiques plus variables peuvent retarder le rythme de la progression des prix du pétrole, mais, avec le resserrement du rapport offre/demande et les actions de l'Opep, les cours devraient se consolider pour le moment dans la fourchette des 65-75 dollars, avant d'évoluer vers la tranche désirée par les producteurs, de 75 à 85 dollars».

Le président de l'Opep, Jose Maria Botelho de Vasconcelos, également ministre angolais du Pétrole, a estimé vendredi que le cours de «80 dollars était un maximum» pour le baril du pétrole, selon des propos tenus à Dow Jones Newswires. Au delà, les cours du brut risquent de menacer la reprise économique, selon lui.