De toutes les sociétés, le Québec est celle qui pourrait réduire le plus rapidement sa dépendance au pétrole parce qu'il a une solution de remplacement: de l'électricité propre, abondante et pas chère.

«On ne peut pas attendre que les Américains et les Européens mettent des véhicules électriques sur le marché parce qu'ils n'ont pas le même intérêt que nous à le faire», estime Étienne Couture, président du Réseau des ingénieurs du Québec, qui présentait hier sa vision de l'avenir énergétique du Québec.

Aux États-Unis et en Europe, la migration vers les véhicules électriques pose le problème de l'augmentation de la production d'électricité, a expliqué l'ingénieur au cours d'une entrevue avec La Presse Affaires. «Ils doivent se poser la question: est-ce que cette électricité supplémentaire viendra du charbon, du gaz naturel ou du nucléaire?» illustre-t-il.

Au Québec, c'est tout bénéfice: la multiplication des véhicules électriques ferait baisser la facture de pétrole importé, qui atteint 14 milliards de dollars par année, et valoriserait la ressource hydroélectrique, en plus de réduire les émissions polluantes.

Mesures timides

Le gouvernement du Québec s'est déjà donné comme objectif de réduire la consommation de pétrole de 10% d'ici 2015, mais les mesures prises pour atteindre cet objectif sont bien timides, pour ne pas dire inexistantes, constatent les ingénieurs québécois dans leur état de la situation.

Les crédits d'impôt du dernier budget à l'achat de véhicules hybrides ou tout électriques ne permettront pas à eux seuls d'atteindre cet objectif, croient-ils.

Le secteur du transport consomme la presque totalité du pétrole importé au Québec. Ce qu'il faudrait, selon eux, c'est créer un pôle industriel du transport électrique, à partir de ce qui existe déjà, comme le camion léger tout électrique Nemo, conçu à Laval.

Le gouvernement peut aussi réduire la consommation de pétrole dans les transports publics et dans les parcs de véhicules qui lui appartiennent et dont une partie pourrait être remplacée chaque année par des hybrides ou des tout électriques.

Parce qu'il regroupe à peu près tous les ingénieurs actifs du Québec, le Réseau des ingénieurs du Québec préconise le développement de toutes les formes d'énergie, y compris le nucléaire. «Il faut conserver une expertise dans tous les secteurs», justifie son président.

Les ingénieurs québécois sont toutefois d'avis que la meilleure énergie, celle qui coûte le moins cher, reste l'énergie économisée.

À ce chapitre, il y a beaucoup à faire. Le Québec consomme plus d'énergie - toutes sources confondues - que l'Ontario dont le produit intérieur brut est pourtant deux fois plus élevé.

Étienne Couture croit que les prix relativement bas de l'électricité au Québec expliquent la surconsommation, ce que les clients d'Hydro-Québec ont souvent du mal à réaliser.

Il y va d'une suggestion: pourquoi ne pas inscrire sur la facture d'électricité le prix que la même consommation d'énergie aurait coûté au prix du marché?