Les prix du pétrole ont encore reculé mardi à New York, plombés par un indicateur plus mauvais qu'attendu concernant la consommation aux États-Unis, qui a refroidi les espoirs de reprise de l'économie et donc de la demande d'or noir.

Sur le New York Mercantile Exchange «Nymex», le baril de «light sweet crude» pour livraison en mai a terminé à 49,41 dollars, en baisse de 64 cents par rapport à son cours de clôture de lundi.

A Londres, sur l'InterContinental Exchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique a perdu 18 cents, à 51,96 dollars.

Après avoir oscillé une grande partie de la séance autour de l'équilibre, les prix se sont installés dans le rouge à la fin des échanges.

«Les investisseurs se rendent compte que l'économie mondiale reste très faible et qu'il faudra donc du temps pour améliorer le rapport entre l'offre et la demande», a jugé Bart Melek, de BMO Capital Markets.

Les espoirs de reprise économique, qui maintiennent ces dernières semaines les prix du pétrole autour de 50 dollars, ont été refroidis par le recul inattendu des ventes de détail aux États-Unis en mars, après deux mois de hausse.

Et le marché «réagit toujours au tableau très sombre qu'a donné l'Agence internationale de l'Energie (AIE) de la demande», a ajouté M. Melek.

Selon l'AIE, qui représente les intérêts énergétiques des pays industrialisés, la demande mondiale devrait redescendre à 83,4 millions de barils par jour (mbj) en moyenne cette année, soit un recul de 2,4 mbj sur un an qui la ramènerait à son plus faible niveau depuis 2004.

Ces nouveaux chiffres correspondent à une «nouvelle révision à la baisse, cette fois substantielle», des prévisions de l'AIE, selon Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.

Ces estimations, données vendredi alors que les marchés étaient fermés, avaient déjà fait baisser le baril de 2,19 dollars lundi à New York.

De son côté, l'Agence d'information sur l'Energie, une émanation du département américain de l'Energie (DoE), a estimé que la consommation mondiale devrait reculer de 1,35 million de barils par jour cette année, un scénario un peu moins négatif que sa prévision précédente de -1,4 mbj.

Elle a revu à la hausse sa prévision de prix moyen du baril pour 2009, à 53 dollars, contre une précédente estimation de 42 dollars, jugeant le marché pétrolier «un peu moins pessimiste» pour l'avenir.

Dans les échanges électroniques avant la séance new-yorkaise, les cours avaient ainsi regagné un peu de terrain, en réaction aux résultats de Goldman Sachs. La banque d'affaires américaine a annoncé lundi soir un bénéfice de 1,81 milliard de dollars pour le premier trimestre, très largement supérieur aux attentes du marché.

De nombreux investisseurs espèrent entrevoir le bout du tunnel de la crise financière, ce qui favoriserait un redémarrage de l'économie mondiale.

«Mais les résultats de Goldman Sachs n'ont pas grand chose à voir avec le marché du pétrole», a souligné M. Lipow. Selon l'analyste, la faiblesse de la demande va rester l'inquiétude dominante sur le marché dans les semaines à venir, «de même que les statistiques du DoE» sur les stocks pétroliers aux États-Unis.

Ces chiffres hebdomadaires sont attendus mercredi à 10h30, et selon les observateurs du marché, ils devraient montrer une nouvelle progression des stocks de brut dans le premier pays consommateur d'or noir dans le monde, alors que ces réserves se situent déjà à leurs plus hauts niveaux depuis 15 ans.

«Avec l'approche de l'expiration du contrat pour livraison en mai, il devient plus difficile pour le marché d'ignorer l'abondance de l'offre disponible», a estimé Phil Flynn, d'Alaron Trading.