Les employés sont au coeur du succès d'une entreprise. Comme employeur, il faut les attirer, les retenir, les gérer, les motiver, les former. Dans les grandes entreprises, les ressources humaines sont généralement gérées par des spécialistes, alors que dans les PME, c'est souvent l'une des nombreuses responsabilités des patrons. Ils se posent différentes questions, La Presse trouve des experts pour y répondre.

Q «Nous recevons plusieurs demandes de stage ou d'emploi de l'Europe, particulièrement de la France. Toutefois, très peu de demandes du Québec, malgré nos démarches auprès d'établissements d'enseignement. Nous avons aussi proposé plusieurs emplois à des Canadiens dans les dernières années, sans succès, pour des raisons que nous pouvons comprendre étant donné que nous sommes à Saguenay: éloignement de leur famille, emploi et intégration de leur conjoint, etc. Ce ne sont jamais les salaires ni les conditions de travail qui posent problème. Y a-t-il des stratégies pour faciliter l'embauche de Québécois, ou devrions-nous vraiment nous concentrer sur le recrutement à l'international?»- Martin Portelance, associé, directeur général, Faction Bike Studio

R Manon Perreault, conseillère en ressources humaines agréée (CRHA), PDG de Perreault et associés, travaille dans quelques régions du Québec avec de petites entreprises. Lorsqu'elle évalue une entreprise et ses stratégies en matière de recrutement, elle commence toujours par regarder ce qu'elle trouve sur le web.

«L'entreprise doit avoir un bon site avec une section carrière pour qu'en cinq secondes, on voie les postes offerts, explique-t-elle. Ça prend aussi une page Facebook et un profil LinkedIn. Dans le cas présenté ici, vraiment, tout y est! Par contre, je remarque que plusieurs petites entreprises négligent ça et affichent plutôt leurs postes dans les médias locaux traditionnels, mais ce n'est pas suffisant.»

Ensuite, il faut se pencher sur la question des liens avec les établissements d'enseignement.

«Il faut regarder quelles démarches ont été faites avec les écoles, affirme-t-elle. D'abord, il y a les établissements de la région où on trouve des programmes pertinents pour l'entreprise. Il faut s'y rendre, tisser des liens avec les professeurs, rencontrer les étudiants en participant à différents événements liés à l'emploi pour leur expliquer qui on est et ce qu'on cherche. L'entreprise peut aussi financer des cocktails, un projet, une chaire de recherche, etc. Il faut être créatif, s'organiser pour que l'entreprise devienne connue. Afficher des offres de stage ne suffit pas.»

Il faut aussi regarder les établissements d'enseignement à l'extérieur de la région et oser y faire des démarches.

«Par exemple, il y a plein de jeunes de différentes régions qui étudient à Montréal et à Québec, mais qui peuvent ensuite avoir envie de retourner travailler en région», indique Mme Perreault.

L'experte croit aussi que les gens sont plus à la recherche d'un défi que d'un salaire.

«Il faut expliquer aux candidats potentiels les défis que l'entreprise a à leur offrir, indique Manon Perrreault. C'est ça, l'agent de motivation. Ça ne doit pas être le salaire. Le salaire est en fait plutôt un agent de démotivation s'il n'est pas à la hauteur.»

Pour s'assurer d'être dans la course, elle conseille de faire une enquête salariale auprès de ses compétiteurs dans sa région, mais aussi du Québec.

«Certaines régions offrent davantage que les grands centres pour être capables d'attirer des talents, remarque-t-elle. Il faut savoir à combien de pourcentage exactement on est au-dessus du marché pour ensuite s'ajuster au besoin.»

Des efforts peuvent aussi être faits pour trouver un emploi au conjoint de la personne que l'on veut attirer.

«Des organismes dans plusieurs régions aident les conjoints à se trouver de l'emploi, affirme-t-elle. Emploi-Québec pourrait certainement vous donner des recommandations. Des organismes aident aussi l'embauche d'immigrants, par exemple en les envoyant en région passer des entrevues.»

Pour ce qui est de se concentrer sur l'embauche de gens d'ici ou de l'étranger, Manon Perreault croit qu'il ne faut pas se limiter. Elle conseille plutôt de s'ouvrir à différents types de candidats.

«Bien des entrepreneurs ont l'habitude de chercher des gens semblables à eux, mais il faut regarder plus large, dit-elle. On a avantage à considérer les plus jeunes, de même que des gens de 55 ans et plus, les immigrants, les handicapés, etc. Aussi, je conseille de chercher des talents plutôt que des diplômes. Parfois, la formation n'est pas idéale, mais la personne pourra apporter des éléments complémentaires à l'équipe.»

Le recrutement demande toutefois un investissement de temps.

«Parfois, demander de l'aide d'un professionnel en recrutement vaut le coût puisqu'il peut faire économiser bien du temps et de l'énergie aux dirigeants de l'entreprise», ajoute Mme Perreault.

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