Même s'ils évoluent dans des univers diamétralement opposés, les employés de GSoft et D'Astous Groupe Conseil ont beaucoup en commun: des patrons qui ne veulent pas de politique de vacances, la possibilité de travailler le nombre d'heures qu'ils désirent et un quotidien basé exclusivement sur les résultats.

En 2013, Simon De Baene, président de GSoft, a établi un salaire fixe et un horaire souple pour ses employés. «Notre banque d'heures accumulées, qu'on devait payer avec le temps, était en train de devenir un bar ouvert, dit le président. On finissait par récompenser certains employés qui travaillaient beaucoup d'heures, sans toujours amener les résultats espérés. D'autres livraient la marchandise dans l'horaire de base, et ça les pénalisait. Désormais, on se concentre sur les résultats.»

Les troupes de GSoft doivent atteindre des objectifs, peu importe leur horaire, en s'assurant que leurs décisions n'ont pas d'impact négatif sur l'équipe, les clients ou l'organisation. Une réalité similaire à celle de D'Astous Groupe Conseil, qui a fait disparaître les feuilles de temps en 2011. «Je n'ai aucune idée des heures de travail de mes employés, et ça m'importe peu, affirme le président Patrick D'Astous. Aujourd'hui, peut-être que certains ne travaillent pas, et je n'en ai aucune idée. Ils peuvent faire leur boulot de nuit s'ils veulent. Si l'une de leurs absences peut avoir une incidence sur nos objectifs, ils m'avertissent pour qu'on réajuste. Mais sinon, ils sont libres.»

Méthode ROWE

L'homme d'affaires s'est fortement inspiré de la méthode ROWE (Results Only Work Environment), qui prône entre autres que le travail n'est pas un lieu où l'on se rend, mais la somme des choses que l'on fait; qu'on n'est pas en retard parce qu'on arrive à 14h sur son lieu de travail et que chacun dispose des congés qu'il souhaite, tant que son travail est accompli.

Une réalité enthousiasmante pour certains, mais inquiétante pour d'autres. «Au début, certains employés se demandaient si on allait exiger des objectifs impossibles à atteindre, se rappelle M. D'Astous. Dans les faits, on travaille avec des objectifs mesurables et réalistes. Comme on évolue dans un domaine où il y a beaucoup de rédaction et d'analyse de textes techniques, si quelqu'un est rapide et qu'il finit plus vite que d'autres, ce n'est pas plus grave. On donne de la flexibilité au personnel, sans nuire à la qualité de notre travail ou à nos revenus.»

Confiance

Pour Simon De Baene, tout est une question de confiance. «Chez GSoft, on travaille sur des projets ambitieux et risqués. Si je fais confiance aux gens pour réaliser de tels mandats, pourquoi je ne serais pas capable de les laisser choisir leurs vacances? Je leur donne cette responsabilité pour qu'ils les prennent au bon moment, pas pour qu'ils partent six mois par année.»

Après un an, la moyenne des vacances était très similaire aux années précédentes: de trois à six semaines par année. «Comme la moitié de nos projets fonctionnent avec des heures facturées aux clients, les employés ne pourraient pas non plus exagérer avec les vacances, car les revenus de GSoft en souffriraient.»

Loin d'être déconnecté du quotidien de ses troupes, Simon De Baene a mis en place un système d'évaluation d'objectifs. «On se mesure régulièrement avec des sprints de deux semaines. Comme si chaque projet de six mois était cassé en plusieurs mandats de 14 jours. Chaque membre a trois objectifs qu'on peut évaluer par trois éléments mesurables. Après deux semaines sur un projet, je vois donc rapidement si ça avance ou pas. On ne laisse pas aller la situation pendant 18 mois avant de réagir.»

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