Pour améliorer leur productivité et rester concurrentiels, les employeurs doivent former leur main-d'oeuvre. La Presse propose une série d'articles sur des entreprises qui ont investi dans la formation. Cette semaine, Cuisines Pilon, à Campbell's Bay, en Outaouais, a pris un virage technologique important ces dernières années et doit par le fait même investir énormément de temps et d'argent pour apprendre à travailler avec de nouveaux outils.

Il y a quatre ans, Cuisines Pilon, un fabricant d'armoires de cuisine s'est donné comme objectif de croître en effectuant un virage technologique. L'entreprise a investi une somme importante pour acheter un robot venu d'Allemagne.

«Le CNC découpe nos morceaux pour fabriquer nos armoires», indique Tim Shea, copropriétaire de Cuisines Pilon avec son oncle Gérard, ébéniste.

Deux ans plus tard, ils ont investi dans Cabinet Vision, un logiciel de conception et de production.

«Avec le logiciel, on peut faire le design de nos cuisines en 3D que l'on présente au client, puis on envoie nos plans au robot», explique M. Shea.

L'entreprise a aussi acheté il y a six mois le logiciel WEB-CAB pour que prochainement, ses distributeurs puissent obtenir instantanément les prix des produits et déposer leurs commandes pour qu'elles soient envoyées directement au robot.

La stratégie de formation

Pour arriver à faire fonctionner les nouveaux outils de façon optimale, Tim Shea et son oncle doivent passer énormément de temps en sessions de formation.

«Emploi-Québec nous aide beaucoup parce que tous ces outils et formations sont très dispendieux, affirme M. Shea. Nous avons commencé par recevoir une formation sur le fonctionnement du CNC et Gérard passe beaucoup de temps à apprendre la programmation. Puis, lorsque nous avons acheté Cabinet Vision, un formateur est venu passer une semaine avec nous. Nous continuons maintenant l'entraînement à distance par Skype. Nous avons encore de la nouvelle matière à apprendre et ça varie aussi selon nos besoins lorsque nous décrochons de nouveaux contrats.»

Tim Shea affirme qu'un jour, lorsqu'il maîtrisera parfaitement le logiciel, il pourra faire la conception 3D des cuisines directement devant le client.

Pour faire le lien entre Cuisines Pilon et ses distributeurs, WEB-CAB nécessite aussi beaucoup de formation.

«Ça a l'air simple comme concept, mais il y a beaucoup d'éléments à mettre en place pour y arriver et nous avons encore besoin d'apprendre énormément», affirme Tim Shea.

Cuisines Pilon commence aussi à former un employé, Chris Clark, pour travailler avec les logiciels.

«Je n'avais pas d'expérience dans le domaine et j'ai été vraiment chanceux d'avoir l'occasion d'apprendre, affirme Chris Clark. C'est beaucoup de travail, mais ils arrivent à me montrer la matière de façon assez simple même si les standards de qualité sont élevés.»

«Il est avec nous depuis un peu plus d'un an et nous avons commencé par le faire travailler dans l'installation d'armoires, explique Tim Shea. Ensuite, il a travaillé six mois dans l'usine, puis Gérard a commencé à lui donner de la formation sur le logiciel de dessin CAD. Ensuite, nous pourrons le faire former par Cabinet Vision. Lorsque nous trouvons une bonne personne qui pourra évoluer avec nous, nous investissons dans sa formation.»

«Peu d'entreprises sont à ce point derrière leurs employés», affirme Chris Clark.

Les résultats

Même s'il reste encore énormément de travail à faire pour exploiter au maximum la synergie de ses nouveaux outils, Cuisines Pilon voit déjà des résultats importants.

Avant d'avoir le robot CNC, l'entreprise devait couper chacun de ses morceaux d'armoire à la scie.

«Le robot nous a permis d'améliorer de façon importante notre précision et notre productivité», affirme Tim Shea qui travaillait en ventes pour des distributeurs d'armoires de cuisine avant de rejoindre son oncle chez Cuisines Pilon.

Cette plus grande efficacité permet maintenant à l'entreprise de faire affaire avec des distributeurs plutôt que de vendre ses armoires à des particuliers et à des entrepreneurs de leur région.

WEB-CAB changera aussi grandement le quotidien de Tim Shea. «Je pouvais passer 40 heures par semaine à sortir des prix et parfois, le client pouvait attendre une journée ou deux avant de les recevoir, explique-t-il. Lorsque le logiciel sera fonctionnel, les prix sortiront automatiquement et je pourrai investir beaucoup plus de temps sur la route pour rencontrer des distributeurs.»

Le nombre de travailleurs chez Cuisines Pilon est passé de 3 à 10.

«Depuis quatre ans, nous avons doublé notre chiffre d'affaires, précise Tim Shea, et nous souhaitons continuer à croître.»