L'hostilité d'un patron se décline de plusieurs façons: irritabilité, manque d'écoute, impatience constante envers un employé, incapacité de lui sourire, de le saluer ou de le rencontrer, tendance à lui couper la parole ou à le dénigrer en réunion.

Ces différents comportements peuvent être à la source de plusieurs problèmes de santé psychologique qui mènent à la dépression ou à la démission. En plus de miner le climat de l'ensemble du milieu de travail. «Un sentiment d'animosité avec un collègue est désagréable en soi, mais c'est pire lorsqu'il s'agit d'une figure de pouvoir ou d'autorité, souligne Pascale Lemaire, psychologue du travail. La situation peut compromettre son avenir professionnel, ses chances de promotion ou d'augmentation de salaire.»

Avant que la situation pousse un employé à enchaîner les congés de maladie ou à quitter son emploi, une analyse de la problématique s'impose.

Parce que plusieurs gestionnaires vivent eux-mêmes une détresse ou une surcharge de travail, quelques-uns adoptent des comportements hostiles qu'ils n'auraient pas nécessairement au naturel. «La pression fait souvent sortir les aspects les moins positifs de leur personne, précise Catherine Privé, présidente ALIA Conseil, firme spécialisée en gestion. Certains ne réalisent pas qu'une mauvaise attitude augmente leur charge de travail, car ils devront gérer des conflits ou remplacer les membres de leur équipe qui ont quitté l'entreprise. Un patron est censé nous réconforter, nous donner confiance et être celui qu'on a envie de voir durant la journée, et non l'inverse.»

Les employés qui se sentent mal traités doivent également se rappeler que l'animosité du patron n'est pas toujours dirigée vers une personne en particulier. «Certains ont de la difficulté à distinguer les patrons qui vivent une mauvaise journée de ceux qui les détestent, observe Pascale Lemaire. Parfois, il s'agit simplement d'un conflit de personnalités.»

Une personne introvertie qui aime analyser et expliquer les choses en détail risque de moins bien s'entendre avec un patron centré sur l'action et les résultats rapides, ajoute-t-elle. Les deux doivent ajuster leurs façons de communiquer en fonction du style de l'autre.»

Des solutions

Si l'employé réalise objectivement qu'il n'est pas responsable du climat tendu, il doit alors trouver un moyen de composer avec la réalité. «Il faut éviter de chercher à convaincre un patron qu'il se trompe à son sujet, affirme la psychologue. Vous n'avez pas de contrôle sur lui. Mais vous pouvez essayer de vous détacher et de prendre du recul pour retrouver vos moyens.»

En pareille situation, les relations avec les pairs deviennent d'autant plus importantes, selon Catherine Privé. «Les membres d'une équipe peuvent contribuer ensemble à créer un climat agréable où règnent l'humour, la reconnaissance et la rétroaction, qui exclut malheureusement le chef. Il s'agit d'une vision d'accommodation.»

«On peut aussi avoir le courage de décrire à son patron la situation avec les faits, précise-t-elle. On a la responsabilité d'exprimer nos besoins réalistes. Peut-être que le patron hostile ne voit même pas ce qui se passe autour de lui. En prenant le temps de s'asseoir avec son supérieur immédiat, on peut essayer de calmer la situation.»

Bien que l'idée de rallier un patron à sa cause en brillant par ses performances soit envisageable, il peut être dangereux de s'imposer une pression indue. «De façon générale, tous les employés cherchent à faire valoir leurs talents, leurs forces, leur contribution, la valeur de leurs arguments et l'évolution de leurs dossiers. Mais c'est un piège de vouloir surperformer pour plaire au patron. Je suggère plutôt de travailler sur la relation de proximité qu'on a déjà eue pour la relancer.»