Vol à vitesse réduite...

Le début de l'année est marqué par un ralentissement des activités des transporteurs aériens au Québec. «L'année 2013 est pour le moment assez tranquille, décrit Éric Lippé, président de l'Association québécoise du transport aérien (AQTA). La situation, qui est comparable à celle de l'ensemble du Canada, est malgré tout relativement normale. L'été va permettre de mieux jauger l'état du secteur.»

L'Association du transport aérien international (IATA) a récemment revu à la hausse les prévisions de profits des compagnies aériennes de passagers et de fret pour 2013 pour l'ensemble des transporteurs aériens de la planète. Ces profits s'établiraient à 10,6 milliards.

Mais le secteur est principalement porté par la bonne santé des transporteurs du Moyen-Orient.

«Le marché nord-américain, contrairement à celui du Moyen-Orient et de l'Asie, est un marché mature, estime M. Lippé. Les transporteurs nord-américains affichent la plus faible croissance mondiale. On s'attend à un taux de croissance de 1,3% en 2013 pour la région, et le Canada est en position encore moins favorable.

«Le Plan Nord, maintenant Nord pour Tous, continue de générer beaucoup de trafic aérien régional, mais avec le changement de gouvernement, il y a une plus grande incertitude, poursuit-il. Le ralentissement des ardeurs des compagnies d'exploration et d'exploitation de minerais a des répercussions directes sur le secteur de l'aviation. Des événements comme l'attentat récent lors du marathon de Boston peuvent aussi affecter le secteur. Il faudra attendre pour voir si cela aura une incidence, mais les gens peuvent avoir peur de voyager.»

... mais emplois à l'horizon

Malgré la croissance au ralenti du secteur de l'aviation, la demande de main-d'oeuvre est assez forte. Selon les prévisions d'emplois du Comité sectoriel de main-d'oeuvre en aérospatiale au Québec (CAMAQ), près de 750 postes seront à combler en 2013 dans le secteur du transport aérien et de l'entretien d'aéronefs.

Les postes les plus demandés sont dans le segment de l'entretien des aéronefs, où les mécaniciens sont notamment très recherchés, tout comme les emplois administratifs. Viennent ensuite les pilotes.

C'est dans la région de Montréal, où le trafic est le plus important notamment avec l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau, qu'il y a le plus d'emplois dans le domaine. La région de Québec, porte d'entrée du Grand Nord, arrive en deuxième place.

Pour Éric Lippé, l'un des grands défis auxquels doit faire face l'industrie au Québec et au Canada est celui de la formation de professionnels compétents.

«Une pénurie de pilotes s'annonce, et les entreprises ont de la difficulté à trouver des candidats car la formation privée est extrêmement coûteuse, aux alentours de 80 000$. La seule école publique au Québec, le Centre québécois de formation aéronautique de Chicoutimi, est très sélective. La formation de pilotes est de très bonne qualité au Canada mais à cause du coût, les écoles attirent surtout des étrangers qui quittent le pays après leur formation. Environ la moitié des élèves des écoles de pilotage au Canada ne sont pas citoyens ou résidents canadiens», déplore Éric Lippé.