Le mythe de la prima donna voulant que les femmes cherchent à nuire à leurs collègues féminines plutôt qu'à les aider est répandu. Mais ce cliché ne tient pas la route, selon une nouvelle étude de Catalyst, qui vient montrer que ce sont les femmes qui sont les plus susceptibles d'aider la gent féminine à avancer dans leur carrière.

Catalyst publie régulièrement des études qui tentent de comprendre pourquoi la gent féminine est, encore aujourd'hui, peu présente dans les hautes sphères des entreprises. «Au Canada, seulement 14,5% de femmes se retrouvent sur les CA des sociétés de la FP500 et moins de 18% occupent des postes de chef de direction», souligne Deborah Gillis, vice-présidente principale chez Catalyst.

«Leaders Pay it Forward», récente étude de Catalyst, déboulonne le mythe de la prima donna, voulant que les femmes ne soient pas portées à aider d'autres femmes à cheminer professionnellement. Au contraire, 65% des femmes qui ont reçu de l'aide au cours de leur carrière sont enclines à rendre la pareille à d'autres, par l'entremise du mentorat ou du parrainage, comparativement à 56% des hommes. Et 73% de ces femmes le font auprès d'autres femmes, contre seulement 30% des hommes.

«Lorsqu'on demande pourquoi les femmes sont sous-représentées dans les rôles de leadership dans les entreprises, les gens ont tendance à répondre que c'est parce que les femmes sont souvent leurs pires ennemies. Mais cette recherche vient récuser ce mythe, car elles sont plus portées que les hommes à développer de nouveaux talents!», analyse Mme Gillis.

Donner au suivant... c'est payant!

L'étude démontre clairement que ce sont ceux qui ont été aidés dans leur cheminement professionnel qui sont les plus susceptibles de «donner au suivant»: 59% ont reçu de l'appui pour faire progresser leur carrière et 66% ont été parrainés. De plus, ceux qui donnent au suivant occupent à 64% des postes de cadres supérieurs ou de PDG et se disent proactifs à 63% quant à l'avancement de leur propre carrière.

Faire progresser de nouveaux talents semble très bénéfique pour la carrière. Ceux qui le font voient ainsi leur rémunération augmenter de 25 075$, selon l'étude. Un chiffre impressionnant: «Ce montant nous indique que faire du mentorat aide du même coup à augmenter sa visibilité dans une organisation et à se bâtir une réputation», croit Mme Gillis.

Mentorat et culture organisationnelle

Catalyst a annoncé en juin les trois lauréats des Prix honorifiques de Catalyst Canada 2012 pour l'avancement des femmes dans les affaires. Parmi eux, Anne-Marie Hubert, associée directrice, Services consultatifs, chez Ernst&Young a reçu la distinction de Personnalité du monde des affaires. Un honneur qui, elle l'espère, l'aidera à en faire «encore plus pour continuer à mettre le statu quo au défi».

Il y a 10 ans, Ernst&Young lui a demandé de s'occuper de l'avancement des femmes dans l'organisation. «C'est à ce moment que j'ai réalisé à quel point il y avait des préjugés dans nos processus, dans la société... Qu'il y a des préjugés, souvent inconscients, qui font que les hommes et les femmes n'ont pas une chance égale de réaliser leur plein potentiel», raconte-t-elle.

Selon Mme Hubert, l'instauration d'une réelle culture d'entreprise pour soutenir l'avancement de tous les talents est cruciale. «Au départ, il faut une prise de conscience et une volonté de la haute direction de changer les choses. Il ne me suffisait pas de mettre en oeuvre des programmes; il fallait que chaque membre de la direction devienne un champion de ces programmes!»

Elle a notamment créé le programme national «Accompagnement de carrière» (Career Watch), forme de parrainage pour les femmes et minorités visibles à haut potentiel par des membres du comité de direction. «Ce programme a permis de développer du talent et de retenir des gens extraordinaires, mais aussi d'avoir un impact sur la culture organisationnelle et d'aider chacun de nos associés sur le terrain à être meilleur dans le développement de talents», conclut-elle.