Certains rêvent de dépaysement, d'autres sont attirés par les possibilités d'emploi ou se font muter à l'autre bout du pays. Aller travailler dans une autre province peut être attirant, mais il ne faut pas oublier de considérer les impacts d'une telle décision.

Les raisons pour déménager dans une autre province sont nombreuses: personnelles, familiales ou encore pour le travail. En 2011 seulement, 31 458 résidants du Québec se sont installés dans une autre province, selon l'Institut de la statistique du Québec.

Depuis quelques années, l'économie florissante et le taux de chômage peu élevé dans l'Ouest attirent bon nombre de Québécois, comme Dave Anctil, originaire du Bas-Saint-Laurent, qui habite en Alberta depuis 10 ans. «Beaucoup de Québécois demeurent ici: certains ont des entreprises de construction, d'autres ont ouvert un restaurant ici à Edmonton, beaucoup sont des travailleurs autonomes. Il y a beaucoup d'occasions d'affaires, surtout pour ceux qui sont entrepreneurs dans l'âme», constate Dave, qui travaille dans le secteur des pipelines et dans la construction.

Mais avant de se lancer dans l'aventure, il est essentiel de prendre certains facteurs en considération pour faire un choix éclairé, selon Josée Maure, directrice générale de la planification fiscale et successorale au Groupe Investors. «Il faut voir au-delà du salaire. Il y a les impacts financiers des coûts généraux, comme le transport des biens, la vente de la maison, les frais d'entreposage, la chambre d'hôtel en arrivant... Sans oublier le conjoint qui doit trouver un nouvel emploi et les enfants qu'il faut inscrire dans une nouvelle école ou à la garderie!»

Il faut aussi changer son permis de conduire, sa carte d'assurance maladie, sa plaque d'immatriculation. «Si on part à long terme, ça peut aussi être une bonne idée de refaire son testament, car les autres provinces fonctionnent selon la common law, un système de droit différent du Québec», souligne Mme Maure.

Le coût de la vie - logement, aliments, loisirs, etc. - est également à considérer. Le prix des logements, par exemple, dans des villes comme Vancouver ou Winnipeg, est beaucoup plus élevé qu'au Québec. Ainsi, pour un appartement décent d'une chambre à Edmonton, il faut bien compter 1000$ par mois, affirme Dave Anctil.

Même au Yukon, la crise du logement se fait sentir, constate Christian Michaud. L'acteur y est allé vivre un an avec sa compagne, où il a travaillé comme bûcheron et avec les chiens de traîneaux. «Pour une petite cabine perdue dans le bois à 30 minutes du centre-ville de Whitehorse, sans électricité ni eau courante, on payait 850$!», dit-il. Il encourage malgré tous ceux qui rêvent de partir à tenter l'aventure.

Psychologiquement, l'adaptation à un nouveau milieu et à une autre langue peut être difficile. Mais pour Dave Anctil, après une décennie en Alberta, revenir ne fait pas partie des projets. «Avec le temps, j'ai bâti un réseau. Je serais perdu si je retournais au Québec. Et puis avec les manifestations, les infrastructures à Montréal, la dette... je n'ai pas trop le mal du pays!», avoue le jeune homme de 30 ans.

Impôts

Lorsqu'une personne s'installe dans une autre province pour travailler, plusieurs frais liés au déménagement peuvent être déductibles d'impôt. «Par contre, pour y avoir droit, il faut se rapprocher d'au moins 40 km de son nouveau travail», précise Mme Maure.

Normalement, un citoyen doit payer ses impôts dans la province où il était résidant le 31 décembre de l'année imposable, affirme Mme Maure. En revanche, certaines «zones grises» existent lorsque le travailleur conserve des liens forts avec le Québec: famille, maison, etc.

«Dans ces cas-là, il faut faire évaluer par un professionnel où est votre principal lieu de résidence et dans quelle province déclarer ses impôts», conseille-t-elle.