Annie Jean a le montage dans le sang. C'est au cégep, durant un cours de cinéma, qu'elle le découvre. «Je me suis retrouvée à monter les films de quelques autres étudiants, car ce n'était pas l'étape qui les fascinait le plus!, se souvient-elle. C'est une occupation solitaire, un travail de patience et d'ombre. Mais c'était clair dès le départ pour moi: si je ne faisais pas du montage, je ne travaillerais pas du tout en cinéma.»

Après un certificat en études cinématographiques à l'Université Laval, elle tente sa chance à Montréal pour «toucher à la pratique». Elle rencontre Michel Arcand et devient son assistante au montage durant près de 10 ans. Avec lui, elle montera des films qui passeront à l'histoire, donc Léolo, Le Party et Octobre.

«Michel m'a tout appris, explique la femme de 45 ans. À l'époque, avec la pellicule, l'assistant était dans la même salle que le monteur, le regardait travailler et l'entendait discuter avec le réalisateur. Aujourd'hui, les outils ont changé et les assistants ne sont plus autant présents. C'est ce qui rend la relève difficile! Notre solution, c'est d'encourager le mentorat et les stages.»

Car, pour Mme Jean, le montage va bien au-delà de la technique. «Dans la salle de montage, le monteur est le plus proche collaborateur du réalisateur. Il est le premier spectateur de ce qui a été tourné. Sa tâche est de mettre à jour les intentions d'un réalisateur, de les faire s'exprimer à travers le matériel. C'est un travail d'alchimiste!»

Arrive le jour où Mme Jean est prête à voler de ses propres ailles. À titre de monteuse, elle se dirige «par hasard et par amour» vers le documentaire et monte entre autres Bacon, le film et, plus récemment, Carnets d'un grand détour, qui sera à l'affiche au début avril.

Pour être un bon monteur, il faut savoir mettre son ego de côté, note celle qui est aussi formatrice pour le programme documentaire à l'INIS. «Ça demande un très grand engagement, un don de soi, mais il faut accepter à un moment donné que c'est le film d'un autre. Les rapports humains sont extrêmement importants aussi, il faut établir une relation avec le réalisateur et savoir être franc! C'est un métier très exigeant, où on travaille de longues heures, qui demande acuité critique, rigueur, souplesse intellectuelle et patience. Ce n'est pas une job, c'est une passion!», conclut-elle.

À savoir

Monteur

Formation: Plusieurs formations, techniques ou universitaires, mènent à l'emploi

Perspectives professionnelles: Restreintes (2011-2015) (pour l'ensemble des métiers en enregistrement audio et vidéo)

Salaire moyen annuel: 29 700$ (2011) *

Employeurs potentiels: Boîtes de production en télévision, cinéma, publicité, télédiffuseurs, La plupart des monteurs travaillent à la pige.

Source: Emploi-Québec, AQTIS

*à noter que le salaire peut varier énormément selon l'expérience.