Un quart de siècle après sa fondation, le RQuODE a plus que jamais sa place dans la société, soutient Valérie Roy, directrice adjointe du regroupement qui rassemble 59 organismes spécialisés en développement de l'employabilité au Québec. «Nous demeurons méconnus du grand public, reconnaît-elle, mais nos membres effectuent sur le terrain un travail important auprès de gens sans emploi que les Centres locaux d'emplois ne réussissent pas à rejoindre.»

Plusieurs organismes membres du RQuODe visent un groupe spécifique, explique Mme Roy: personnes immigrantes, travailleurs expérimentés, femmes, autochtones, personnes judiciarisées, etc.

En plus de rejoindre une clientèle sans emploi, le RQuODE oeuvre aussi auprès des travailleurs. «L'économie va mieux, mais les fermetures d'usine demeurent une réalité. C'est important d'être plus proactif que réactif lorsque surviennent les pertes d'emploi. Un de nos chevaux de bataille, c'est de contribuer à l'essor d'une culture de formation dans les entreprises», affirme Mme Roy.

L'expertise en employabilité développée par le millier de conseillers en emploi et en orientation semble porter fruit: elle a contribué à 50% de l'atteinte des cibles d'Emploi-Québec sur le retour au travail des personnes en emploi, soutient Mme Roy. En 2010-11, les 59 organismes ont reçu 49 000 participants dans des programmes d'aide ou de préparation à l'emploi, par exemple.

Mettre en action

Un des défis des organismes membres du RQuODE est de s'adapter aux changements dans le marché du travail, constate Mme Roy. «Les intervenants doivent faire preuve de flexibilité et de souplesse pour rejoindre ces gens qui sont plus isolés et «poqués» que jamais. Depuis cinq ans, on constate que cette clientèle est plus difficile à mobiliser.»

Mais dans un contexte de rareté de main-d'oeuvre et de vieillissement de la population, il importe plus que jamais de travailler à la réinsertion des personnes aptes au travail. «On dit que la société aura besoin de tous les travailleurs disponibles. Il importe donc d'aller chercher ces gens qui ne sont pas rejoints par les mesures conventionnelles d'Emploi-Québec. Toute une démarche de préemployabilité est nécessaire: réinsertion sociale, reconstruction des liens avec la communauté, bénévolat, etc.», explique la directrice adjointe.

C'est pour rejoindre cette clientèle particulière que RQuODE a mis sur pied Milieux en action, un projet-pilote de 18 mois. «Nous avons donné carte blanche à nos intervenants pour qu'ils trouvent des manières novatrices de rejoindre ces gens-là. Ils sont donc allés directement dans leurs milieux, que ce soit à la soupe populaire ou même en faisant du porte-à-porte», raconte Mme Roy. Parmi les 116 participants, 93% avaient un secondaire 5 ou moins et 93% étaient prestataires d'aide sociale. Un an et demi plus tard, grâce à diverses activités d'intégration sociale et à l'emploi, 26% des 82 participants encore actifs étaient en stage ou en emploi, 32% participaient à un processus d'intervention et 13% avaient fait un retour aux études. «On ne s'attend pas à ce que Milieux en action soit institutionnalisé officiellement, mais on aimerait beaucoup que cela vienne changer certains programmes et mesures qui ne correspondent pas du tout à la réalité de ces personnes-là», conclut Mme Roy.