En s'inscrivant dans un programme de formation, l'étudiant s'attend habituellement à ce qu'il débouche sur des perspectives de carrière plus intéressantes ou, à tout le moins, sur un métier. Or, selon un spécialiste, ce n'est pas toujours le cas.

En effet, certaines formations ne mènent pas à une profession précise, signale Jacques Langlois, conseiller en orientation et sociologue, dans son Guide des professions, lancé récemment aux éditions ERPI. C'est notamment le cas du baccalauréat en psychosociologie. «On est mieux de faire un baccalauréat en travail social, conseille-t-il. On y retrouve presque les mêmes cours, mais il donne accès à un ordre professionnel et a un taux de placement de 100%. C'est un détail important!»

Selon lui, ces cours, tout comme la multiplication des microprogrammes dans les universités, sont le fruit d'un désir constant des institutions d'accroître leur offre de service plutôt que d'un réel besoin de la part des étudiants. Si certains peuvent suivre la formation d'une personne en emploi, ils ne sont généralement pas recommandés pour un jeune qui souhaite entreprendre une carrière. D'ailleurs, il suggère de miser sur des programmes connus qui font meilleure impression sur les employeurs. «C'est comme lorsque vous achetez une voiture, vous allez prendre une marque connue. Pour un employeur, c'est la même chose. Embaucher quelqu'un, ça coûte cher alors on veut une marque connue», estime-t-il.

Cela vaut aussi pour l'endroit où le cours est suivi. Tous les établissements n'ont pas une réputation équivalente auprès des employeurs. M. Langlois fait également valoir que plusieurs établissements publics offrent des formations équivalentes au réseau privé, mais sans une facture aussi salée.

Au-delà des taux de placement

Par ailleurs, il vaut mieux ne pas simplement s'attarder aux taux de placement et creuser davantage pour éviter les déceptions.

Les diplômes d'études professionnels en nettoyage à sec et entretien de vêtements ainsi qu'en assistance au service aux tables, par exemple, mènent à des emplois que l'on peut obtenir sans formation.

Situation semblable pour la technique de commercialisation de la mode, dont le taux de placement frôle les 100%. Plutôt tentant pour de jeunes fashionistas! Mais après trois ans d'études, les finissantes décrochent pour la plupart des emplois similaires à ce qu'elles auraient obtenu... sans formation. «Ça va leur donner la chance de devenir gérante plutôt que vendeuse, mais ce n'est pas mieux. Souvent, le salaire est à la semaine et quand on calcule en taux horaire, c'est en dessous du salaire minimum, signale M. Langlois. Une technique, c'est censé conduire à un métier. À titre de comparaison, le salaire moyen d'une infirmière technicienne est de 60 000$ contre environ 20 000$ en commercialisation de la mode.» Les amoureuses de la mode devraient plutôt se tourner vers le baccalauréat en administration spécialisée dans le domaine de la mode qui offre des perspectives plus intéressantes.

Dans d'autres cas, l'excellent taux de placement cache une sombre réalité. Un bon exemple: les préposées aux bénéficiaires. «La principale raison pour laquelle le taux de placement est de 100%, c'est que le taux d'abandon de la profession est énorme, explique-t-il. On doit en former 1200 par année.» Les mauvaises conditions de travail en poussent plusieurs à changer de boulot.

S'informer, la clé!

Alors que des milliers de jeunes s'apprêtent à s'inscrire à des formations professionnelles, collégiales et universitaires en vue de la rentrée en septembre, M. Langlois leur conseille de s'informer le plus possible, notamment sur l'internet et auprès de gens qui pratiquent le métier. «Souvent, ils prennent seulement l'opinion d'une personne ou deux, déplore-t-il. Je passe mon temps à dire à mes clients de ne pas me croire sur parole et d'aller vérifier parce que moi aussi, j'ai mes goûts et mes préjugés.»

La recherche est d'autant plus importante que dans les écoles secondaires, les conseillers en orientation ne suffisent pas à la tâche. Résultat: de nombreux élèves n'auront droit qu'à une consultation de 30 minutes à deux heures alors que la démarche devrait prendre de six à sept heures, selon M. Langlois.