Lorsque les frères Lumière ont inventé le cinéma en 1895, ils ont aussi fait naître une profession qui se fait de plus en rare aujourd'hui: celle de projectionniste.

Guy Fournier est passionné par ce métier qui est le sien. «Si à 12 ans, Patrick Roy savait qu'il voulait être joueur de hockey, moi, j'étais persuadé que j'allais devenir projectionniste», lance-t-il. Il n'y a pas de formation au Québec pour exercer ce métier. Guy Fournier a suivi des cours en électronique et en audiovisuel, après avoir touché à la photographie. «J'aime jouer avec les lentilles et mon métier me permet de le faire», ajoute-t-il.

Il a notamment travaillé à l'ONF, à Radio-Canada et à la Place des Arts avant de faire sa niche à la Cinémathèque québécoise. Il croit que le métier requiert un esprit mécanique. «Avant même d'amorcer le travail, on doit avoir compris ce qu'il faut faire», dit-il.

Les tâches d'un projectionniste sont diverses: il doit inspecter la copie, vérifier la synchronisation du son et de l'image et faire les retouches nécessaires. Il doit en outre ajuster la machine et la lumière. Avant une projection, son boulot peut prendre 20 minutes... ou durer des heures! Tout dépend de la bobine et de l'état du film. Il faut donc être patient et habile de ses mains.

Malheureusement, Guy Fournier ne voit pas d'avenir pour les jeunes tentés par la profession. «La plupart des salles sont dotées de projection numérique, et le travail tient davantage du technicien informatique que du projectionniste.»

Le film 35 mm est en déclin et laisse tranquillement la place à la projection numérique dans les salles de la province, et à la grandeur de la planète. Une situation qui n'est pas sans affecter aussi le métier de projectionniste, qui se rapproche maintenant beaucoup plus de l'informatique.

Mario Fortin est le directeur général du Cinéma Beaubien, à Montréal. «Je suis tombé dans la potion magique du cinéma quand j'avais 20 ans! J'ai exercé différents métiers, tous dans un domaine connexe», dit-il. Si M.Fortin s'occupe principalement de l'administration de l'établissement, il voit également à passer le balai dans les salles, à faire le maïs soufflé et à s'occuper de la projection lorsque c'est nécessaire.

Pour une projection numérique, il faut préparer la copie numérique présente sur le disque dur en y insérant les bandes-annonces et les publicités. Selon la taille du complexe cinématographique, plusieurs cabines de projection peuvent être gérées. Il faut également assurer l'entretien de l'équipement et régler le problème en cas de bris technique ou de panne.

Auparavant, une carte de compétence en électricité était obligatoire pour travailler comme projectionniste. M.Fortin explique cependant que les aptitudes requises ont bien changé. «L'électricité représentait 50% du travail de projectionniste. Maintenant, de bonnes bases en informatique sont la clé pour réussir. Les logiciels utilisés en salle ressemblent beaucoup à ceux que nous avons à la maison.» Génies de l'informatique, voilà donc une nouvelle avenue à explorer.