Attendre la fin de ses études pour mettre enfin ses connaissances en pratique? Cela ne fait pas l'affaire de tout le monde. Ceux qui veulent mettre la main à la pâte plus vite peuvent se tourner vers des programmes qui offrent une alternance d'études et de travail, une option gagnante.

Mario Croteau est retourné aux études à l'âge de 36 ans. Pour lui, pas question d'attendre trois ans avant de savoir s'il allait aimer son nouveau métier! Il a choisi d'étudier au sein du régime coopératif de l'Université de Sherbrooke, ce qui lui a permis de faire trois stages rémunérés, dont le premier après un an et demi d'études.

«Je voulais savoir dès le début si j'allais aimer ça, dit-il. C'était aussi une façon de financer en partie mes études, et je ne serais pas retourné à l'école si je n'avais pas eu cette option. En plus, je savais que les stages me permettraient de connaître des employeurs qui, si je faisais l'affaire, souhaiteraient peut-être m'engager.» C'est ce qui est arrivé. Le Collège de Montréal, où il a fait son stage en tant que conseiller en information scolaire et professionnelle, lui a offert un emploi à la fin de son baccalauréat.

Plusieurs universités québécoises offrent au moins quelques programmes en alternance travail-études, mais c'est l'Université de Sherbrooke qui mène le bal, avec son régime coopératif, qui compte 40 programmes, au baccalauréat ou à la maîtrise.

Le rythme est exigeant. Pour certains programmes, tous les trimestres sont occupés, même celui de l'été. «Ainsi, pendant que des étudiants au bac régulier cherchent un emploi d'été, nos stagiaires évoluent dans des entreprises liées à leur domaine et sont supervisés par des gens d'expérience», indique Dominick Poisson, agent de communication au Service des stages et du placement de l'Université de Sherbrooke.

Au total, un baccalauréat fait selon cette formule dure environ un trimestre de plus qu'un programme régulier, mais les étudiants sortent de l'université avec une année d'expérience pertinente.

Une foule de programmes

Les programmes permettant d'alterner les cours et le boulot sont nombreux à tous les niveaux de scolarité. Au secondaire et au collégial, l'alternance travail-études (ATE) en formation professionnelle et technique est offerte dans 150 programmes et une centaine d'établissements scolaires. Bon an, mal an, environ 10 000 élèves choisissent cette formule.

La durée des stages varie selon le niveau d'études. En formation technique au collégial, les étudiants font au moins deux stages, qui durent de huit à seize semaines chacun et sont obligatoirement rémunérés. Ces stages viennent s'ajouter au temps total de formation.

En formation professionnelle au secondaire, il y a aussi au moins deux stages, mais ils ne sont généralement pas rémunérés. Ceux-ci durent deux ou trois semaines. Selon une autre formule, dans certains programmes, l'élève va à l'école trois jours par semaine et fait son stage en entreprise les deux autres jours. Au secondaire, les stages sont intégrés au temps de formation.

Généralement, les établissements scolaires aident l'élève à trouver son lieu de stage, et, dans certains cas, lui proposent un endroit pour le faire.

Réintégrer le marché du travail

À 33 ans, Sandra St-Louis a cinq enfants, dont des jumelles. Vivant auparavant de l'aide sociale, elle a pu réintégrer le marché du travail il y a trois ans grâce à un programme de formation professionnelle en ATE offert par Intégration Jeunesse du Québec. Cet organisme offre de façon ponctuelle des programmes courts de formation axés sur des besoins précis des employeurs dans les domaines des nouvelles technologies, du commerce de détail, de l'automobile ou de l'environnement.

C'est ainsi que Sandra a saisi un programme d'études comme préposée au service automobile, ce qui lui a permis de décrocher un emploi stable chez Plaza Chevrolet.

«C'était intéressant, grâce au stage, de pouvoir constater rapidement ce qu'allait être le genre de milieu de travail où j'allais évoluer, concrètement, dit Sandra St-Louis. J'étais plongé dedans. Chaque jour, j'avais un carnet de bord à remplir pour revenir sur ce que j'avais appris.»

Pour les employeurs, la formule est également avantageuse, souligne Sylvie Baillargeon, directrice générale d'Intégration Jeunesse du Québec. «Ils ont la possibilité de contribuer à la formation de leur future main-d'oeuvre, de voir le potentiel de l'étudiant et d'identifier avec lui les points à améliorer, dit-elle. Une fois le programme terminé, ils ont un employé formé et prêt à commencer.»