Un sondage d'Accountemps, firme-conseil spécialisée en recrutement pour des postes de finances et de comptabilité nous apprend que les questions traditionnelles posées en entrevue, du type «Où vous voyez-vous dans cinq ans», ont moins la cote. La nouvelle tendance: découvrir la personnalité du candidat en lui posant des questions déstabilisantes. Du genre: «Parlez-nous de la dernière fois où vous avez aidé quelqu'un sans qu'on vous l'ai demandé?» Déstabilisant vous dites?

Réalisé grâce à 270 entrevues téléphoniques auprès de chefs de la direction financière de sociétés canadiennes de 20 employés et plus, le sondage d'Accountemps nous indique les questions privilégiées en entrevues aujourd'hui dans les entreprises au pays.

Premier constat: 50% des employeurs ont déclaré que les questions usuelles posées en entrevue se rapportent d'abord aux qualités personnelles du candidat, pour vérifier sa confiance en soi, ses qualités, bref, pour mieux le connaître. Les questions: «Que veut dire faire partie d'une équipe pour vous?» et «Comment décririez-vous votre caractère?» risquent donc fort bien d'être à l'ordre du jour lors d'une entrevue.

Natacha Tougas est directrice de succursale à Montréal pour Robert Half, dont Accountemps est une division. Des entrevues, elle en a conduit plus souvent qu'à son tour. Ce qu'elle constate, c'est que souvent, les candidats ne sont pas assez préparés, même devant les questions les plus prévisibles comme «Quelles sont vos forces et vos faiblesses?». «C'est surprenant, mais parfois il y a des candidats qui ne sont même pas prêts à répondre à ça, ou qui vont sortir la réponse parfaite, convenue», note-t-elle.

Il n'est donc pas rare que les employeurs aillent pousser plus loin, en demandant des exemples concrets, ce qui leur permet de mieux cerner la personne et son caractère... et de voir si ses réponses concordent. Car l'honnêteté est un critère que les employeurs aiment tester: «Quand on pose la même question différemment trois fois durant l'entrevue, c'est justement pour vérifier si les réponses vont dans le même sens», nous dévoile Mme Tougas.

Trois catégories

Selon le sondage, les questions que les employeurs aiment particulièrement poser se divisent en trois catégories: en plus de celles concernant la personnalité des candidats, 27% disent préférer poser des questions liées à l'emploi ou à l'entreprise, alors que 23% se concentrent plutôt sur les compétences.

Cela permet de supposer qu'un candidat aura à répondre aux trois catégories de questions lors d'une entrevue. Ainsi, ne pas se renseigner sur la société où on souhaite travailler est tout simplement impardonnable: «Avec l'internet, aujourd'hui, il n'y a pas d'excuses. J'ai pourtant rencontré des gens qui étaient incapables de répondre à la question: «Que connaissez-vous sur notre entreprise?»», s'étonne Mme Tougas.

Parallèlement, se concentrer uniquement sur les compétences d'un candidat est une erreur que certains employeurs commettent: «J'ai vu des entreprises qui étaient constamment en processus d'embauche, car elles ne s'intéressaient qu'au côté technique en entrevue, sans poser de questions personnelles. Il est important de vérifier que la personne possède les compétences, mais cela peut se faire par le cv, les références et par entrevue téléphonique. L'entrevue en personne peut alors servir à s'assurer que le candidat s'intégrera bien au sein de l'entreprise.»

Questions révélatrices

Si les questions qui peuvent sembler démodées comme «Où vous voyez-vous dans cinq ans?», certains font preuve de plus d'imagination et aiment poser des questions déstabilisantes comme «Si vous n'étiez pas en train de postuler pour cet emploi, que seriez-vous en train de faire?» ou «Si vous étiez un arbre, quelle sorte d'arbre seriez-vous et pourquoi?».

«Ce type de question permet de juger la capacité d'une personne à penser rapidement, et de voir comment elle est capable de se décrire, bref, si elle se connaît bien!», avance Mme Tougas.

Car si vous voulez qu'un employeur apprenne à vous connaître, il faut d'abord se connaître soi-même, conclut Mme Tougas. «Une question que j'aime bien poser, c'est: «Comment votre supérieur et vos collègues de votre emploi précédent vous perçoivent-ils?» Cela permet de vérifier si la personne se voit de la même façon que les autres la perçoivent... Ça en dit long!»