Hôpital, commerce ou résidence : tout projet de construction démarre avec une idée de bâtiment. Mais bien avant que le premier clou ne soit planté, les architectes s'affairent activement afin de passer de l'idée au chantier. Présentation des métiers de l'architecture et du cheminement qu'il faut parcourir avant d'exercer le métier.

JUSQU'À HUIT ANS POUR OBTENIR SON TITRE

FORMATION

Devenir architecte est un travail de longue haleine. Du premier jour d'université à son admission à l'Ordre des architectes du Québec essentielle pour porter le titre il s'écoule généralement huit ans. Ceux qui désirent atteindre le marché du travail plus rapidement peuvent toutefois se tourner vers un diplôme technique.

> Au collégial

Le DEC en technologie de l'architecture compte trois années d'études à temps plein. Ce programme ouvre la porte aux métiers de technologue en architecture ou de technicien en dessin. Ceux-ci préparent les plans, les dessins et les maquettes selon les directives d'un architecte, dans un bureau d'architectes, une firme d'ingénieurs ou une entreprise de construction.

Nombre de diplômés : 685

Diplômés en emploi : 57,2 %

À temps plein : 95,4 %

En rapport avec la formation : 91,2 %

Aux études : 40,6 %

Taux de chômage : 0,9 %

Salaire annuel moyen : 36 130 $

Source : Fiche d'adéquation formation-emploi, MELS, 2009.

> À l'université

Au Québec, trois écoles d'architecture offrent le programme qui mène à l'exercice de la profession : l'Université Laval, l'Université McGill et l'Université de Montréal. Après le baccalauréat (trois ans), puis la maîtrise obligatoire (deux ans), les diplômés doivent faire un stage de 5600 heures, soit l'équivalent de trois ans de travail à temps plein, sous la gouverne d'un architecte. Ils doivent ensuite réussir un examen de deux jours, l'Examen des architectes du Canada (ExAC), pour devenir membre de l'Ordre et pouvoir exercer.

Nombre de diplômés : 138

Diplômés en emploi : 93,5 %

À temps plein : 100,0 %

En rapport avec la formation : 93,1 %

Aux études : 2,2 %

Taux de chômage : 1,1 %

Salaire annuel moyen : 40 400 $

Source: La Relance à l'université, MELS, 2009.

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EN CHIFFRES

28 %

des architectes sont des femmes. Le groupe d'âge le plus représenté (15 %) a entre 45 et 49 ans, alors que moins de 1 % sont âgés de 25 à 29 ans

51 %

travaillent dans la région de Montréal

15 %

sont dans la région de la Capitale

34 %

dans les autres régions

223

travaillent à l'extérieur du Québec

Source: La Relance à l'université, MELS, 2009.

Raynald St-Hilaire, architecte chez Lemay et associés

Sa première maquette, Raynald St-Hilaire l'a construite à 9 ans, quand il a dessiné un pavillon de l'Expo-67 pour l'école. C'est dire comme l'architecture lui était prédestinée! «Je n'ai jamais voulu faire autre chose, convient-il. À l'université, j'avais inscrit architecture comme premier, second et troisième choix de programme.

Ce passionné travaille maintenant depuis 1998 chez Lemay et associés. Il y est directeur de la planification en santé. Il voit à la réalisation et à l'environnement thérapeutique d'hôpitaux, de CHSLD ou de CLSC. Il essaie aussi de dénicher de meilleures pratiques à l'étranger. «Récemment, un hôpital a été construit aux Pays-Bas avec un stationnement d'un côté et des arbres de l'autre. Du côté vert, de 25 à 30 % moins de médicaments étaient administrés. C'est ce genre de projets qui m'inspire», dit-il.

Travailler dans une grande firme lui permet d'avoir accès à un éventail plus large de projets. «Les plus grands défis reviennent souvent à de grands bureaux», affirme-t-il. Collaborer avec des gens aux expertises diverses, dont une quinzaine de designers, lui donne en plus l'assurance de trouver réponse à ses questions.

Les architectes ont selon lui une responsabilité sociale. «Nous construisons l'environnement et nous aidons les gens. Notre métier est un mélange de rigueur et de création», dit-il.

Aux étudiants intéressés par une carrière en architecture, il conseille ceci: promenez-vous en ville et voyez ce qui vous attire. Est-ce que l'espace vous interpelle? Avez-vous de l'intérêt pour ce que vous voyez? Si oui, vous êtes sûrement sur la bonne voie.

PROFESSIONS RELIÉES

architecte, technologue en architecture

Endroits de travail : à son compte, bureaux d'architectes ou d'ingénieurs, gouvernements fédéral et provincial, municipalités

Salaire annuel moyen : 36 608 $

Nombre de personnes diplômées : 197

En emploi : 34,2 %

À temps plein : 74,0 %

Lié à la formation : 94,6 %

Source : monemploi.com, 2009.

Photo Olivier Pontbriand, collaboration spéciale

Michel Paul Alain, architecte à son compte

Depuis six ans, l'architecte Michel Paul Alain est son propre patron. «J'aime la liberté que me procure le travail en solitaire. J'organise ma vie comme je le souhaite, en choisissant seulement les contrats qui m'allument,» explique-t-il.

Travailler en solo permet à cet architecte aguerri de toucher à toutes les facettes de son métier, comme la rencontre avec les clients, la prise de mesures et la conception de plans. «Mon travail se concentre surtout sur la rénovation de bâtiments existants», précise-t-il.

Ses clients sont principalement des propriétaires résidentiels, qui désirent transformer leur demeure selon leurs goûts. Il travaille aussi un peu dans le secteur commercial.

Être son propre patron a ses avantages, mais aussi ses inconvénients. Le travail est plus saisonnier, avec une période creuse durant l'hiver. Selon Michel Paul Alain, obtenir des contrats n'est pas non plus une tâche facile au début. «Il faut se faire un nom.

La passion pour le dessin de Michel Paul Alain ne date pas d'hier. «À 15 ans, je me voyais développer ce talent toute ma vie», dit-il. Sa profession d'architecte lui permet justement de se perfectionner.

L'architecture est un métier qui change beaucoup, notamment avec les nouvelles technologies et les normes de développement durable. Il faut être prêt à s'adapter. Un sens des responsabilités aiguisé est aussi primordial. «Les normes et les réglementations doivent être connues sur le bout des doigts. C'est la sécurité du bâtiment et de ses habitants , qui est en jeu», soutient M. Alain.

À SAVOIR

L'architecture demande une bonne dose de curiosité. Il faut être prêt à constamment renouveler ses connaissances.

Photo Robert Skinner, La Presse

Nathalie Blanchette, architecte paysagiste

Architecte paysagiste, bachelière de l'École de l'architecture du paysage depuis 1992 et membre de l'Association des architectes paysagistes du Québec, Nathalie Blanchette adore les espaces extérieurs.

Elle a pourtant choisi cette profession un peu par hasard. «Un orienteur m'avait suggéré l'architecture ou l'architecture de paysage. J'ai appliqué dans les deux programmes et j'ai finalement été acceptée dans ce dernier.»

Si le choix était à refaire, elle n'hésiterait toutefois pas une seconde. «Un architecte s'occupe de l'intérieur du bâtiment. Moi, j'aime modeler ce qui l'entoure, explique-t-elle. Ma matière première, ce sont les végétaux.»

«Ce que j'aime tout particulièrement, c'est que mon métier en est un de création», spécifie-t-elle. Celle qui a longtemps eu sa propre entreprise est maintenant à l'emploi d'Innovations paysagées Ladouceur, une entreprise établie à Drummondville depuis trente ans. «Ça fait trois mois que j'y travaille comme directrice de conception», dit-elle.

Ses principales tâches concernent l'analyse de l'espace disponible et le dessin de l'aménagement extérieur. «Je travaille majoritairement dans le domaine résidentiel, mais il m'arrive à l'occasion d'avoir des clients commerciaux ou même industriels», détaille Nathalie Blanchette. Elle supervise également une équipe de trois personnes, composée d'un autre architecte paysagiste et de deux techniciennes.

L'architecture de paysage demande un esprit mathématique et d'analyse, en plus d'une certaine aisance pour les relations avec les clients. «Mais c'est un domaine où il est possible de se spécialiser. Une personne plus introvertie pourrait par exemple se concentrer sur les plans, et laisser les interactions à un collègue», tient toutefois à préciser Nathalie Blanchette.

À savoir: seule l'Université de Montréal offre le baccalauréat en architecture de paysage. L'architecte paysagiste doit faire partie de l'Association des architectes paysagistes du Québec pour exercer.

Salaire annuel moyen : 33 176 $

Nombre de personnes diplômées : 25%

en emploi : 70,6 %

à temps plein : 83,3 %

lié à la formation : 80,0 %

Source : monemploi.com, 2009.

Photo Jean-Pierre Boisvert, La Tribune

Martin Cyr, technologue en architecture

L'architecte a esquissé le bâtiment. Le technicien en architecture doit maintenant préciser comment il sera construit. Il analyse les plans, en fait des dessins clairs et précis et y ajoute des directives détaillées. Il estime également les coûts de la main-d'oeuvre et des matériaux.

Martin Cyr dirige sa propre entreprise, Architecture Martin Cyr inc., à Bellefeuille. «Après une première rencontre avec le client, je prends les mesures du bâtiment, puis je m'attelle à la conception des plans préliminaires. Je revois le client pour m'assurer que tout lui convient avant de réaliser les plans finaux», détaille-t-il.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est tout un changement de carrière pour lui. «J'étais huissier de justice avant de retourner sur les bancs d'école en 2004, pour compléter mon DEC en architecture au Cégep Montmorency, explique-t-il. J'aime le côté créatif que m'apporte l'architecture. La polyvalence aussi : parfois devant l'ordinateur, parfois à l'extérieur ou en rencontre avec les clients.»

Le DEC en architecture a aussi un avantage évident sur le cheminement universitaire, selon Martin Cyr: moins d'études à faire! «Il y a aussi de l'emploi. La demande pour des technologues en architecture est forte, principalement pour les municipalités.»

Un technologue qui travaille pour un bureau d'architectes a la même formation que Martin Cyr, mais pas nécessairement les mêmes tâches au quotidien: «Plus la firme est grosse, plus le travail du technologue risque d'être spécialisé», illustre-t-il. Mais peu importe le lieu de travail, les aptitudes requises restent la débrouillardise, le sens des responsabilités et un esprit mathématique.

PROFESSIONS RELIÉES

dessinateur, dessinateur d'architecture, inspecteur en bâtiments, inspecteur en charpentes d'acier

Salaire annuel moyen : 31 304 $

Nombre de personnes diplômées : 285%

En emploi : 50,5%

À temps plein : 94,2 %

Lié à la formation : 81,4 %

Source: monemploi.com, 2009.

Photo Ivanoh Demers, La Presse