Alors que les entreprises sont en plein recrutement pour combler les postes saisonniers, la tâche risque d'être plus ardue que jamais dans le contexte de pénurie de main-d'oeuvre. Quelques trucs pour se démarquer du lot et trouver la main-d'oeuvre souhaitée!

C'est du moins la conclusion à laquelle arrive Stéphane Simard, conférencier et auteur du best-seller Génération Y ainsi que de l'ouvrage Les patrons sont-ils tous des menteurs?, publié récemment. Sa spécialité: la rétention des employés. Il est grand temps que les employeurs changent leur mentalité par rapport aux employés saisonniers, affirme-t-il. «Les attentes des employeurs ne correspondent plus aux attentes des jeunes; ils veulent faire partie de quelque chose, vivre une expérience et ne pas être moins considérés parce qu'ils ne sont là qu'un été.»

Comme les jeunes travaillent désormais durant l'année scolaire, il est d'autant plus ardu d'attirer des candidats pour un emploi limité à l'été. Une réalité particulièrement flagrante dans l'industrie touristique: selon une étude réalisée en 2009 par le Conseil québécois des ressources humaines en tourisme (CQRHT), la part des travailleurs saisonniers étudiants de 15-24 ans est passée de 25% à 18% ces dernières années. Selon les chiffres obtenus par M. Simard auprès du CQRHT, on prévoit une pénurie de 4100 personnes dans les postes de l'industrie touristique cet été.

Prendre le taureau par les cornes

M. Simard a donc établi quatre stratégies pour aider les entreprises à se démarquer dans ce contexte difficile. La première fait appel à une logique toute simple: recruter au sein de sa propre organisation. Évidemment, l'idéal est de pouvoir offrir du temps partiel aux travailleurs saisonniers le reste de l'année.

Mais, lorsque c'est impossible, il faut éviter de reléguer ces employés aux oubliettes, fait valoir le conférencier: «Il faut garder le contact, par exemple en continuant à leur envoyer le bulletin mensuel, en les invitant au party de Noël. Comme ça, on garde dans sa cour des gens qu'on connaît.»

Faire appel aux réseaux sociaux et contacts de ses propres employés est aussi une méthode encore largement sous-utilisée par les entreprises, note M. Simard, d'autant plus que le marché des emplois cachés est en pleine explosion. «Un employeur peut demander à ses employés de propager la nouvelle sur leurs murs Facebook et leurs profils LinkedIn, par exemple. On peut même organiser un concours pour celui qui référera le plus de monde!»

Les écoles sont également un bassin intéressant à exploiter. Outre les méthodes traditionnelles comme l'affichage dans les centres d'emplois, un employeur peut innover et, ainsi, se démarquer: «C'est intéressant d'assurer une présence de façon plus stratégique, en bâtissant des liens avec certaines écoles ciblées, en donnant des conférences ou en commanditant des événements étudiants.»

D'autres solutions

Mais les employeurs ont beau déployer des efforts, la réalité démographique ne changera pas: la population des 15-24 ans diminuera de 13% d'ici 2021. Il est donc nécessaire de sortir des sentiers battus.

Un bassin de travailleurs dont on entend de plus en plus parler: les 50 ans et plus. Selon le réseau FADOQ, qui a lancé le Défi Travail 50", un employé de 65 ans aujourd'hui a un état de santé équivalent à celui d'une personne de 54 ans en 1960! Le Défi propose plusieurs programmes et mesures d'aide aux employeurs, dont le site www.45plusjob.com.

D'autres candidats, traditionnellement négligés, sont aussi à considérer: les handicapés, bénéficiaires d'aide sociale, étudiants étrangers (dont le nombre a augmenté de 41% depuis 2001), nouveaux immigrants... «Souvent, les employeurs ont l'impression que cette clientèle est plus compliquée, mais il existe des ressources pour les aider», note M. Simard.

Parmi celles-ci: les Carrefours Jeunesse Emploi, Emploi-Québec, Ressources humaines et Développement des compétences Canada et le Regroupement des organismes spécialisés pour l'emploi des personnes handicapées, qui offre plusieurs services: évaluation des postes, encadrement sur place, coaching... «Quand tu vas dans des étangs moins fréquentés, il y a plus de chances d'attraper du poisson!» conclut M. Simard.