Les indemnités annuelles de remplacement du revenu versées aux travailleurs accidentés ont augmenté de 69% entre 1999 et 2008, alors que le nombre de cas indemnisés pour lésions professionnelles a baissé de façon substantielle pendant la période. Le nombre de décès au travail a, quant à lui, chuté de 65% depuis 10 ans.

Ce paradoxe - moins d'accidentés, mais plus d'indemnités - incite le patronat à demander une mise à jour du régime de santé et sécurité du travail, en vue d'en diminuer la facture qui s'élève à 2,4 milliards de dollars, entièrement assumée par les 190 000 employeurs québécois. Le régime couvre 3,1 millions de travailleurs.

Une panoplie de recommandations a été déposée conjointement par le Conseil du patronat (CPQ) et la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) au comité Camiré chargé de faire rapport au conseil d'administration de la Commission de santé et sécurité du travail sur les améliorations à apporter au régime.

Les demandes patronales ne remettent pas en cause l'existence du régime, même que quelques rares mesures pourraient trouver grâce chez les syndicats.

«Nous demandons que toutes les entreprises de plus de 50 travailleurs aient l'obligation de créer un comité de santé et sécurité du travail», a dit Yves-Thomas Dorval, président du CPQ.

La plupart des recommandations patronales visent toutefois une diminution des indemnités.

Par exemple, le CPQ et la FCCQ demandent de réduire la période de recherche d'emploi à 15 semaines plutôt qu'à 52 semaines, comme c'est le cas actuellement. Le Québec est la seule province avec une période de recherche d'emploi aussi longue, avance le CPQ sur la foi d'une étude de la firme Secor, intitulée Optimisation de la gestion et de la prévention de la chronicité. De fait, les trois quarts des personnes en recherche d'emploi prennent l'année complète allouée.

La professeure Geneviève Baril-Gingras, du département des relations industrielles de l'Université Laval, aurait souhaité que le patronat s'attarde davantage à la prévention, un domaine où le Québec accuse un retard par rapport aux autres provinces, selon elle. L'universitaire a déposé un mémoire au groupe Camiré.

Les deux organismes patronaux rendront public, aujourd'hui en conférence de presse, l'ensemble de leurs solutions.

«Il faut être proactifs dans notre communication des améliorations à apporter au système pour que nous puissions convaincre et persuader, et non pas simplement négocier et s'opposer», a répondu Françoise Bertrand, PDG de la Fédération des chambres de commerce, à une question sur les suites aux demandes patronales que donnera le gouvernement, secoué par différentes révélations de corruption.