Johanne Couturier a toujours aimé les nouveaux défis. Elle aime apprendre et elle a toujours tendance à en faire plus que ce qu'on lui demande. Cette attitude lui a permis de gravir les échelons assez facilement pendant des années.

«J'ai commencé comme secrétaire et j'ai travaillé dans différentes entreprises avant d'être embauchée comme coordonnatrice à la gestion de l'information chez SNC-Lavalin. Là, j'ai eu la chance de travailler avec un vice-président qui avait le don de voir le potentiel de ses employés et de les faire aller plus loin», explique-t-elle.Mme Couturier a donc eu la chance de suivre différents cours et elle est devenue une spécialiste des présentations PowerPoint en plus de développer une expertise en intranet.

Ce genre de climat de travail est encore malheureusement beaucoup trop rare selon Madeleine Fortier, conseillère en ressources humaines agrée (CRHA) et fondatrice d'Accent Carrière.

«Souvent, le problème part du fait que les gens ne se connaissent pas bien eux-mêmes. Ils ne savent pas ce qu'ils aiment vraiment et ce dans quoi ils sont bons. Dans des cas comme ça, il est bien évident que les employeurs le savent encore moins, donc ils peuvent difficilement agir pour amener leurs employés à développer leurs compétences.»

Avoir de la gueule: nécessaire?

Faut-il en déduire que pour gravir les échelons, il faut avoir de la gueule et répéter à qui veut bien l'entendre comment on réussit bien dans certains champs d'expertise?

«C'est certain que ceux qui savent se vendre peuvent avoir une facilité à monter rapidement, convient Mme Fortier. Mais avoir du bagou n'est pas un préalable pour gravir les échelons. Savoir développer un réseau intéressant à l'intérieur de l'entreprise, savoir placer ses billes, peut aussi beaucoup aider», affirme Madeleine Fortier.

Elle pense par exemple que le fait de se trouver un mentor dans l'entreprise peut faire toute une différence. «Il peut aider la personne à avoir davantage confiance en elle, mais aussi, l'aider dans l'élaboration d'un plan d'action en prenant en compte le contexte particulier de l'entreprise.»

La formation: souvent incontournable

Gravir les échelons n'est tout de même pas qu'une question d'attitude, de stratégie et d'alliance. Parlez-en à Johanne Couturier qui, après avoir passé une dizaine d'années chez SNC-Lavalin, a quitté son poste à la suite de l'arrivée d'un nouveau vice-président qui a complètement changé le climat du département.

«J'ai pris le temps de m'arrêter pour me demander ce que j'avais envie de faire. Finalement, j'ai réalisé que je voulais diriger une équipe», se souvient-elle.

Elle a finalement postulé pour devenir chef de service dans une entreprise. «L'entrevue s'est très bien passée, mais je n'ai pas eu le poste, raconte-t-elle. J'ai donc demandé les raisons et ils m'ont dit que c'était parce que je n'avais pas de diplôme.»

Mme Couturier a donc réalisé que si elle voulait continuer à gravir les échelons, elle devait retourner sur les bancs d'école. Et elle l'a fait. «Je suis allée faire mon baccalauréat à 40 ans. J'ai adoré ça!»

Une fois son diplôme en poche, elle a rapidement eu le poste de chef du service des registres à l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec et elle y est toujours.

«Dans certains cas, la formation est essentielle pour accéder à des postes, affirme Mme Fortier. Être un bon soudeur ne veut pas dire qu'on sera un bon superviseur d'une équipe de soudeurs. Ça prend des compétences.»

Pour sa part, Johanne Couturier a eu la piqûre des études, si bien qu'elle fait actuellement une maîtrise à temps partiel. «J'ai bien l'intention un jour d'accéder à un poste encore plus haut, mais chaque chose en son temps. Il faut attendre d'être prêt. Mais lorsque l'offre se présentera, j'aurai ma maîtrise et peut-être même mon doctorat, puisque je pense poursuivre mes études.»