Pourquoi s'exiler en Abitibi ou à Chibougamau quand on pourrait facilement trouver un emploi à Québec ou à Montréal? Pour la qualité de vie, l'amour de la nature et l'accès plus facile à la propriété! disent les jeunes qui ont fait ce choix après avoir participé à un séjour exploratoire offert par l'organisme Place aux jeunes en région, qui fête ses 20 ans cette année.

Maxime Fortier, 24 ans, a grandi en Montérégie et a reçu son diplôme comme technicien en éducation spécialisée en mai dernier. Avant même d'avoir terminé leurs études, sa copine et lui savaient déjà qu'ils auraient un emploi à Chibougamau. Il travaille auprès des jeunes en difficulté d'apprentissage pour une commission scolaire, elle est biologiste pour un organisme environnemental.

 

«Nous sommes amateurs de plein air, dit-il. Ici, nous avons un appartement à cinq minutes de notre travail, avec la forêt en arrière et un lac en avant. Quand je finis de travailler, 10 minutes plus tard, je suis sur mes skis ou mon vélo de montagne.»

Évidemment, tout n'est pas parfait: l'offre culturelle est plutôt mince et les petits cafés sont rares! Et la famille est à des centaines de kilomètres. Mais, loin de regretter leur choix, ils songent déjà à acheter une maison, «pour la moitié du prix de Montréal», dit le jeune homme, qui adore sa nouvelle vie.

Avant de faire le grand saut, le jeune couple avait profité d'un séjour exploratoire de Place aux jeunes en régions, qui est l'un des quatre services offerts par cet organisme à but non lucratif. Fondé dans le but de contrer l'exode rural des jeunes, il est financé par le gouvernement du Québec et par le Mouvement Desjardins. D'une durée de une à trois fins de semaines, les séjours toutes dépenses payées permettent aux jeunes de visiter une région de leur choix et d'établir des liens avec des employeurs éventuels. Le programme vise les 18 à 35 ans.

Ceux qui en profitent sont parfois des natifs d'une région et qu'ils ont quittée pour leurs études. C'est le cas de Chanelle Turgeon-Gervais, 24 ans, native de l'Abitibi, mais partie en Outaouais pour étudier en administration. Six mois avant la fin de son baccalauréat, elle n'aurait pas cru y revenir!

«Pendant mon séjour, j'ai rencontré des employeurs intéressés, et j'ai réalisé qu'il y avait de bonnes perspectives d'emploi», dit-elle. Quelques jours après la fin de son dernier trimestre, elle est revenue, avec un emploi chez Desjardins qui l'attendait.

Autres services

Les séjours exploratoires ne constituent qu'un volet des services offerts. On propose aussi un soutien individuel à distance destiné aux jeunes entreprenant des démarches pour s'établir en région. D'autre part, un site internet, «Accro des régions», affiche les emplois disponibles.

Par ailleurs, on travaille aussi pour accroître le sentiment d'appartenance des étudiants du secondaire à l'égard de leur région natale au moyen de différentes activités, explique Benjamin Bussières, directeur général. «On veut les sensibiliser et faire en sorte que si le jeune quitte la région pour ses études, il en ait une image positive et envisage d'y retourner par la suite», dit-il.

On espère aussi séduire une clientèle qui, habituellement, s'établit à 85% à Montréal: les immigrés. «Quand le programme a commencé, on visait surtout les jeunes originaires des régions, pour les inciter à y retourner, dit M. Bussières. Aujourd'hui, 50% de notre clientèle est composée de jeunes nés dans les grands centres, mais aussi d'immigrés qui voient les régions comme un projet de vie différent, répondant à leurs valeurs et à leurs aspirations professionnelles.»

Ce fut le cas pour Benoît Curé, Français d'origine marié à une Québécoise. Ces deux agronomes de formation sont partis d'installer à Saint-Justin, dans les environs de Louiseville, à la suite d'un séjour exploratoire. Non seulement ce village d'environ 1000 habitants leur est-il apparu comme un très bon endroit pour élever leur petite famille, mais, en plus, ce serait le lieu idéal pour démarrer leur future entreprise, une ferme de brebis laitières!

Pendant qu'il se prépare à réaliser ce rêve, M. Curé travaille comme conseiller en développement agricole et rural pour la MRC de Maskinongé. «Ici, il faut moins de temps pour construire un réseau de contacts que dans un milieu urbain. Les gens sont contents de voir que de nouvelles familles souhaitent s'installer dans leur coin», dit-il.

Qu'on se le dise: il y a des emplois en région, et celles-ci attendent à bras ouverts ceux qui oseront essayer!

www.placeauxjeunes.qc.ca

www.accrodesregions.qc.ca