Après 85 ans d'existence, un détaillant de Winnipeg qui ne vend ni princesses ni autos s'apprête à entrer dans le marché québécois. Mais qui est donc ce Princess Auto dont l'offre recoupe celle de Canadian Tire, des quincailleries, de SAIL, d'Agrizone (BMR), de L'Équipeur, et de divers commerces spécialisés servant les PME ?

Princess Auto se prépare depuis des années à prendre de l'expansion au Québec. Le détaillant au curieux nom est désormais à moins d'un an de son but.

Il compte en effet ouvrir deux magasins au nord de Montréal l'automne prochain. Le premier à Saint-Jérôme, l'autre dans une ville qui sera dévoilée prochainement. Il s'agira de deux constructions neuves.

« Dans nos analyses pour déterminer qui sont nos clients types, la Rive-Nord sortait très fort », justifie Marc-André Fournier, qui supervise la croissance de l'entreprise au Québec. Un bureau administratif a été ouvert il y a quelques mois et sept personnes y travaillent. Il n'a pas été possible de connaître le budget associé à ces ouvertures.

Princess Auto prévoit se rendre à huit succursales dans la province... dont aucune à Montréal, puisque la clientèle « est rarement en veston cravate ».

D'ailleurs, la chaîne de 46 grandes surfaces (32 000 pi2 en moyenne) recherche déjà activement des emplacements au sud de Montréal et dans la région de Québec. Il faudra aussi trouver 130 personnes pour travailler dans les deux premières succursales.

AUCUN CONCURRENT DIRECT

Mais qu'y vend-on au juste ? Difficile de répondre à cette question succinctement. Comme c'est le cas chez Canadian Tire - où l'on trouve du sucre, de la peinture et des pneus -, Princess Auto mise sur plusieurs catégories plus ou moins reliées. Cinq, pour être plus précis, appelées : atelier, transmission, remorques, toutes saisons et surplus.

Donc, Princess Auto tient en stock de l'équipement de garage et de la machinerie, toutes sortes de moteurs, le nécessaire pour équiper sa remorque ou s'en construire une, et des articles saisonniers (ventilateurs, fendeuses de bûches, vêtements de travail). La catégorie « surplus » regroupe pour sa part des fins de lot de toutes sortes provenant de quincailleries et de magasins d'électronique, notamment.

Les marques nationales côtoient deux marques privées, pour un total de 15 000 produits.

« Personne n'est notre concurrent direct. [...] On est complémentaires aux autres détaillants [...] On a cinq allées de lumières pour les remorques. Est-ce que c'est ridicule ? Non, c'est nécessaire pour nous », note M. Fournier.

LIEU DE RENCONTRE

Les clients de Princess Auto sont à la fois des bricoleurs, des « patenteux », des fermiers, des électriciens, des plombiers, des propriétaires de remorque, de pick-up et des PME établies dans les quartiers industriels.

Les magasins sont construits en conséquence, relate M. Fournier.

« Il n'y a pas de fla-fla chez Princess Auto. Le plancher est en béton. Les étages sont solides parce que les produits sont pesants. » - Marc-André Fournier

C'est aussi un lieu « très convivial », ajoute-t-il. « Ce n'est pas fait pour que les gens en sortent rapidement. [...] C'est un lieu de rassemblement » où il y a « toujours du café gratuit » pour que les clients prennent le temps de socialiser et de consulter la circulaire.

PARTAGE DES BÉNÉFICES

Entreprise familiale et privée administrée par la troisième génération, Princess Auto se distingue aussi par son système de partage des bénéfices. Chaque année, 13 % des profits sont versés aux employés, peu importe leur niveau hiérarchique et leur statut. Même les employés à temps partiel, qui composent 35 % du personnel, y ont droit. « Depuis que ç'a été mis en place, il y a une vingtaine d'années, la famille Tallman a redistribué plus de 130 millions de dollars », précise M. Fournier.

Selon la firme D & B Hoovers, l'entreprise au logo bleu et gris réalise un chiffre d'affaires d'environ 300 millions de dollars.

« C'est une entreprise qui veut rester unique, avec des valeurs familiales [...] Les titres sont très peu importants [...] On veut que les gens soient bien et fassent carrière chez nous », poursuit M. Fournier, qui est employé du détaillant depuis sept ans, après avoir travaillé au Québec pour Yellow, Provigo et les lunetteries Farah.

Le site web de l'entreprise - qui tient son nom de la rue où elle est née - est déjà en français depuis plusieurs années, puisqu'il y a une communauté francophone au Manitoba. D'ailleurs, « la majorité des achats en ligne sur notre site sont faits par des Québécois, révèle M. Fournier. On sait qu'il y a un engouement ».

Princess Auto en bref

Fondation : 1933

Propriétaire : Bob Tallman

Président : Geoff Frodsham

3 centres de distribution : Calgary, Milton (Ontario) et Winnipeg

46 magasins dans 9 provinces

2500 employés

Photo Étienne Ranger, La Presse Le Droit

Princess Auto prévoit se rendre à huit succursales dans la province... dont aucune à Montréal, puisque la clientèle « est rarement en veston cravate ».

PHOTO FRANCOIS ROY LA PRESSE

Marc-André Fournier supervise la croissance de l'entreprise au Québec.