Estimant que le modèle de Dollarama est « brisé » et vulnérable, une firme new-yorkaise spécialisée dans la vente à découvert croit que l'action de l'entreprise pourrait effacer jusqu'à environ 40 % de sa valeur.

Spruce Point, qui se spécialise dans l'analyse en profondeur des vulnérabilités de sociétés, a publié, mercredi, un long rapport dans lequel elle avance entre autres que la compagnie n'est plus un véritable détaillant d'articles à 1 $.

« Dollarama a perdu la faveur de ses clients orientés vers la valeur, ce qui a provoqué une contraction de l'achalandage dans ses magasins et provoqué de nouvelles hausses de prix afin de soutenir la croissance des ventes comparables », peut-on lire.

Au fil du temps, les prix des articles sur les tablettes des magasins du détaillant ont augmenté, atteignant parfois 4 $. La firme doute de cette stratégie.

D'après Spruce Point, l'action de Dollarama pourrait fléchir jusqu'à environ 24,60 $. La vente à découvert est une pratique de négociation qui génère un profit si la valeur marchande d'une action tombe en dessous d'un prix prédéterminé.

Cette sortie a semblé effrayer les investisseurs, puisqu'à la Bourse de Toronto, le titre de Dollarama a touché un creux annuel avant de terminer à 36,46 $, en recul de 1,99 $, ou 5,18 %, par rapport à son cours de clôture, mardi. Depuis six mois, l'action a reculé d'environ 30 %.

Nombreuses questions

Le rapport, qui qualifie de « troublante » la gestion de Dollarama avance que les objectifs de croissance de la société sont « irréalistes » alors que ses concurrents inondent le secteur du commerce de détail à bas prix - comme l'entreprise asiatique Miniso - ce qui finira par menacer ses « marges improbables ».

Spruce Point estime que la cible à long terme de 1700 magasins que souhaite exploiter la compagnie dans son réseau est « irréaliste », alors que la cadence d'ouverture de nouveaux établissements se trouve à un plancher depuis « des années ».

Au terme du premier semestre de l'exercice en cours, 18 nouveaux établissements avaient ouvert leurs portes, par rapport à 30 à la même période l'an dernier, souligne la firme de New York.

« Fait important, l'inévitable renversement de son rythme semble se produire cette année », est-il écrit.

En évoquant des « voyants rouges » au chapitre de la gouvernance, Spruce Point note un recul de la présence des dirigeants dans l'actionnariat de la société en plus de se demander si l'actuel président et chef de la direction, Neil Rossy, était le meilleur candidat pour succéder à son père, Neil.

« Nous nous demandons si une recherche approfondie et sans lien de dépendance a été menée pour pourvoir ce poste », explique la firme.

Par courriel, une porte-parole de Dollarama, Lyla Radmanovich, a indiqué que l'entreprise était au courant du rapport de Spruce Point, mais qu'il n'y aurait pas d'autres commentaires à « ce stade-ci ».

« Notre dossier de divulgation continue offre aux investisseurs de l'information exacte, détaillée et à jour concernant la société, son rendement ainsi que ses politiques de gouvernance, comptable et autres », a-t-elle écrit.

Cible ratée

Au deuxième trimestre clos le 29 juillet, Dollarama avait déçu les analystes en affichant une croissance du chiffre d'affaires et des profits inférieurs aux attentes.

Son bénéfice net avait été de 141,8 millions, en hausse de 7,6 % par rapport à la même période lors de l'exercice l'année précédente, alors que les recettes avaient progressé de 6,9 %, pour s'établir à 868,5 millions.

La croissance des ventes des magasins comparables s'était avérée défavorable par rapport à celle de 6,1 % enregistrée un an plus tôt, mais l'entreprise avait fait valoir que cette hausse avait été particulièrement marquée en raison des ventes de souvenirs inspirés du 150e anniversaire du Canada.

Fondée en 2009, Spruce Point est dirigée par Ben Axler. Selon certains médias, ses investissements oscillent aux alentours de 170 millions US.

Dans son rapport, la firme indique clairement qu'elle détient des positions à découvert dans les compagnies qu'elle analyse. Cela signifie qu'un recul des actions de ces entreprises permet à Spruce Point de réaliser des « gains considérables ».

Dollarama en chiffres

- 1910 : Année où le premier magasin Rossy a été ouvert.

- 1178 : Nombre de magasins au Canada.

- 3,3 milliards : Chiffre d'affaires lors du dernier exercice complet.

- 519 millions : Profits nets au terme de la dernière année financière.