Syndiqués depuis le printemps dernier, les employés du Brault & Martineau de Repentigny risquent fort de ne jamais signer leur première convention collective. L'entreprise leur a annoncé ce matin qu'elle fermera le magasin.

Le détaillant de meubles a convoqué le personnel de son magasin de la rue De Lafayette à 8h45 ce matin. Une fois tout le monde assis dans le rayon des meubles, un dirigeant de l'entreprise a alors expliqué que le bâtiment était à vendre et qu'une fois vendu, le magasin serait fermé. Il a ajouté qu'aucun employé ne pourrait être transféré dans un autre commerce du groupe, selon le syndicat des TUAC local 501. 

« Ça a duré 15 minutes. Beaucoup de monde pleurait. Ils sont allés chercher des Kleenex [...] Je n'ai pas posé de questions. J'étais sous le choc. Voir du monde que ça fait 15 ans, 20 ans, plus de 30 ans même qui travaillent là et qui pleurent, c'est dur », a raconté à La Presse le délégué syndical Rémi Nadeau, qui compte près de 17 ans d'ancienneté. Le syndicat y voit une manoeuvre antisyndicale « à la Walmart ».

L'entreprise a préféré ne pas donner sa version des faits. « La direction n'émettra aucun commentaire. On ne répond pas aux questions des journalistes, normalement », nous a dit l'adjointe du président et chef de la direction Yves Des Groseillers. 

La rencontre de conciliation qui était au programme s'est ensuite tenue comme prévu. Brault et Martineau a alors déposé une offre globale contenant « absolument rien de monétaire, aucune amélioration », résume le négociateur syndical (TUAC Local 501), André Gingras, qui qualifie l'ambiance à la table de « tendue ». 

Les deux parties travaillent à la rédaction de la première convention collective des 26 conseillers-vendeurs du magasin de Repentigny depuis la fin de l'été. Ceux-ci avaient obtenu leur accréditation syndicale le 7 avril 2016, en même temps que ceux du Brault & Martineau de Saint-Léonard. Les employés de Laval s'étaient syndiqués peu de temps avant. 

Étant donné qu'aucune date de fermeture du commerce n'est connue, d'autres rencontres devant le conciliateur pourraient avoir lieu. 

Décision antisyndicale ? 

Selon les TUAC, rien de laissait croire que le magasin était en mauvaise posture financière. « Je pense vraiment que c'est antisyndical comme on l'a vu dans le dossier de Walmart à Jonquière », dit André Gingras en énumérant d'autres événements survenus en 2016. 

Les employés du magasin de Laval ont été mis en lock-out le printemps dernier alors qu'ils négociaient les termes de leur première convention collective, rappelle-t-il. Brault & Martineau a alors eu recours à des briseurs de grève (le syndicat a eu de gain cause au Tribunal administratif du travail). Le retour au travail des conseillers-vendeurs a été ordonné par un arbitre. 

Les 171 employés du centre de distribution ont aussi été mis en lock-out, en février 2016.