Loblaw a obtenu une injonction hier contre la CSN et ses représentants, qu'elle accuse d'avoir commis «des gestes illégaux, voire criminels». Selon l'épicier, des manifestants auraient «apposé de faux rabais» sur des produits après s'être «malicieusement introduits incognito» dans ses supermarchés. Ils auraient aussi distribué «une fausse circulaire».

La Cour supérieure ordonne à la CSN de cesser tout acte de vandalisme ou de sabotage, et de s'abstenir de porter atteinte à la réputation de l'épicier, a appris La Presse en consultant la décision rendue en après-midi. L'ordonnance vise aussi trois syndicats de l'Abitibi-Témiscamingue affiliés à la centrale, leurs trois présidents et un conseiller syndical.

Le 1er avril, des «actes illégaux» auraient été perpétrés dans 49 établissements de Loblaw (qui exploite Maxi et Provigo) au Québec. Ce jour-là, des manifestations avaient été organisées dans 70 épiceries du Québec ainsi qu'à Toronto pour «exiger un retour à la table de négociation», avait annoncé publiquement la CSN.

Trois supermarchés de l'Abitibi-Témiscamingue sont en conflit de travail: il y a une grève au Maxi de Rouyn-Noranda depuis août 2012, un lock-out au Provigo de Témiscaming-Sud depuis décembre 2012 et une grève au Loblaws de Rouyn-Noranda depuis juin 2013.

Plusieurs autocollants «50%», «moitié prix» et «2 pour 1» auraient été apposés sur des produits de marque privée «Le Choix du Président» et «Sans nom». Selon Loblaw, la manoeuvre l'a placée dans une situation «délicate», compte tenu de la politique d'exactitude des prix qui l'oblige à offrir le prix indiqué. Dans la majorité des cas, le rabais aurait été consenti. Cela a néanmoins provoqué de l'insatisfaction et de la confusion, affirme l'épicier qui qualifie les gestes de «méfait, vandalisme et sabotage».

«Ces gestes ont été faits dans l'unique but de nuire aux activités de la requérante [Loblaw] en provoquant ou tentant de provoquer l'insatisfaction et le courroux des clients», affirme Loblaw, sans chiffrer ses pertes.

«Fausse circulaire»

Un tract, qui prenait l'allure d'une circulaire, aurait aussi été distribué dans «une multitude de municipalités réparties au Québec». Loblaw juge son contenu «diffamatoire» et estime que le document a nui à sa réputation. On pouvait y lire des témoignages des présidents des trois syndicats en conflit de travail dans la région. Ainsi que des slogans tels que «Nos patrons sont plus fermés que nos huîtres», «Loblaws... Un mépris sans nom!», «Des navets, le deuxième étage en déborde!».

Malgré le dépôt d'une mise en demeure le 3 avril sommant la CSN de cesser d'apposer de faux rabais dans ses épiceries et de distribuer «de fausses circulaires», ces activités se seraient poursuivies, selon Loblaw. L'entreprise affirme avoir déposé une demande d'injonction parce qu'elle craint que les moyens de pression s'intensifient.

La CSN n'a pas voulu commenter, étant donné que «la décision n'est pas finale [il s'agit d'une ordonnance de sauvegarde] et qu'il y aura d'autres échanges».