Les résultats trimestriels de Jean Coutu  (T.PJC.A) dévoilés ce matin pourraient intéresser beaucoup moins les investisseurs que les commentaires que le groupe pourrait faire au sujet de ses liquidités de 500 millions de dollars.

Plusieurs choix sont possibles avec cette encaisse. Les trois principales options restent l'acquisition d'un concurrent, le versement d'un dividende exceptionnel et un rachat substantiel d'actions.

Un autre scénario est cependant évoqué cette semaine par RBC: une privatisation de l'entreprise par ses principaux dirigeants.

«Un rachat complet des actionnaires minoritaires en offrant une prime de 30% sur le cours boursier actuel coûterait environ 2,1 milliards», souligne l'analyste Irene Nattel, chez RBC.

En tenant compte des liquidités de 500 millions, la somme à débourser baisserait à 1,6 milliard, ce qui serait l'équivalent de 4,5 fois le bénéfice d'exploitation estimé par RBC pour l'exercice financier 2015.

«Un endettement de cette importance représenterait de 8 à 10 années de flux de trésorerie libres (free cash flow). À moins que la famille soit disposée à réviser ses attentes envers le dividende.»

Denis Durand, de la firme Jarislowsky Fraser, important actionnaire de Jean Coutu, n'est pas certain que la privatisation serait la bonne chose à faire. «Il est plus facile de trouver du financement rapidement pour saisir des occasions quand une entreprise est cotée en Bourse.»

L'analyste de RBC prend toutefois soin d'ajouter que le scénario par lequel Jean Coutu quitterait la Bourse est possible, mais peu probable puisque ça irait à l'encontre de l'aversion historique de Jean Coutu pour l'endettement.

La récente décision de dépenser 190 millions pour construire un nouveau centre de distribution et un nouveau siège social, à Varennes, porte Michael Van Aelst, de la Banque TD, à croire que le groupe pharmaceutique n'a pas l'intention de quitter la Bourse ni de se vendre au plus offrant.

Irene Nattel et Michael Van Aelst s'entendent pour dire que le versement d'un dividende exceptionnel est encore le scénario le plus apparent.

«En tenant pour acquis, bien entendu, que Jean Coutu ne parvient pas à trouver une cible d'acquisition suffisamment grosse et attrayante», précise Michael Van Aelst.

«Compte tenu de l'appréciation du titre en Bourse depuis six mois et des perspectives de croissance plus modérées, je crois que le titre de Jean Coutu escompte déjà une bonne partie du potentiel haussier que pourrait apporter l'optimisation éventuelle de l'encaisse par l'entreprise», dit l'analyste de la TD.

Rachat d'actions

Jean Coutu a par ailleurs racheté activement et régulièrement ses actions en circulation depuis trois ans. Quelques analystes font cependant remarquer que l'entreprise n'a pas racheté une seule action au cours du dernier trimestre (juin, juillet et août).

Les dirigeants ont peut-être préféré faire preuve de prudence compte tenu du niveau de l'action peu après l'annonce en juillet de l'achat de Pharmaprix par Loblaw.

Irene Nattel croit néanmoins que Jean Coutu voudra recommencer à racheter des actions dans les prochains mois.

Pour ce qui est des résultats trimestriels qui seront présentés ce matin, une légère croissance des profits est attendue. Bay Street attend un bénéfice par action de 25 cents, ce qui représenterait une hausse par rapport aux 23 cents par action générés il y a un an.

L'action de Jean Coutu a clôturé hier à 18,91$ à la Bourse de Toronto, en hausse de 26 cents.