Les céréales Cheerios originales sont meilleures pour la santé que les Cheerios... Multi-Grain. Cet étonnant constat, les clients des 107 Loblaws et Provigo du Québec peuvent désormais le faire rapidement, grâce au classement Guide-étoiles, lancé officiellement aujourd'hui.

Depuis le 1er août, les denrées vendues dans ces supermarchés reçoivent une cote allant de zéro à trois étoiles, le maximum étant attribué aux aliments les plus nutritifs. Les Cheerios originales remportent deux étoiles, bien visibles à côté du prix, sur les tablettes. Les Cheerios Multi-Grain ont une seule étoile, parce que «la quantité de sucre ajouté y est plus importante», explique Nathalie Regimbal, nutritionniste embauchée par Loblaw. Quant aux Cheerios aux bananes et aux noix, aucun astre n'enjolive leur étiquette, ce qui signifie que ce n'est pas un choix sain.

Tous les aliments sont évalués selon un algorithme, qui prend en compte leurs avantages (vitamines, minéraux, fibres, grains entiers, oméga-3) et leurs inconvénients (gras saturés et trans, sodium et sucre) par portion de 100 calories. Seuls quelques articles (thé, café, alcool, préparations pour nourrissons et mets préparés sur place) sont exclus.

Gratuit pour les fabricants

Lancé dès 2006 aux États-Unis, le Guide-étoiles «est développé par une firme indépendante», indique Bernard Lavallée, nutritionniste chez Extenso, le Centre de référence en nutrition de l'Université de Montréal. «Il s'agit d'un programme intéressant, parce que les consommateurs ont besoin d'un système plus simple que ceux déjà en place pour les guider», estime-t-il.

«C'est extraordinaire pour les gens pressés: en un coup d'oeil, tu peux voir la cote d'un produit», souligne Serge Gauthier, directeur du Loblaws Angus, à Montréal. Depuis l'instauration du Guide-étoiles, «on vend plus de produits santé, révèle-t-il. Je pense que les fournisseurs vont devoir s'ajuster».

Aucun montant n'est demandé aux fabricants pour l'évaluation des aliments. Cela distingue avantageusement le Guide-étoiles du programme Visez santé de la Fondation des maladies du coeur, qui facture de 1225$ à 3625$ par article en frais de licence, en plus de 150$ à 700$ en frais d'évaluation.

Impact aux États-Unis

Même si le Guide-étoiles - ou «Guiding Stars» en anglais - est en place en Ontario depuis un an, Loblaw dit ne pas pouvoir mesurer son impact sur les ventes. «On sait que la réaction des consommateurs est très positive», indique Geneviève Poirier, chargée des affaires corporatives et des communications de Provigo.

La traversée de l'allée des craquelins - où les étoiles sont aussi rares que dans un ciel couvert - remet pourtant bien des emplettes en question. Aux États-Unis, le Guide-étoiles «a provoqué des changements significatifs dans les achats alimentaires immédiatement après son lancement», selon une étude parue en 2010 dans l'American Journal of Clinical Nutrition. Ces changements ont continué d'être significatifs un an et deux ans plus tard. En 2006, à peine 24,50% des produits achetés obtenaient au moins une étoile. Ce taux a monté à 25,89% en 2008.

Le Guide-étoiles n'est pas parfait. Les produits contenant des édulcorants comme le sucralose - à éviter selon bien des nutritionnistes - sont avantagés, puisqu'ils sont moins sucrés. Autre hic: le yogourt grec nature contenant 2% de matières grasses n'obtient qu'une étoile. «Pourtant, le yogourt grec est un produit très intéressant - même à 2% - et je le recommande fréquemment», dit Bernard Lavallée.

Loblaw a l'exclusivité du Guide-étoiles au Canada pour plusieurs années, ce qui est «dommage», selon le kinésiologue et expert en obésité Paul Boisvert. Le programme devait être déployé dans les Maxi d'ici quelques mois, «mais nos plans ont été repoussés pour le moment», indique Mme Poirier.