Ils viennent, attirent de nombreux clients et disparaissent huit semaines plus tard. On les appelle pop up aux États-Unis et en Angleterre. Au Québec, on en voit de plus en plusà Noël et à l'Halloween. Même si la rareté des locaux commerciaux disponibles empêchele phénomène de prendre de l'ampleur.

Huit semaines et puis s'en vont! Huit petites semaines pour écouler décorations, articles de table et costumes dans un local où il faut tout aménager. Mais le jeu en vaut la chandelle pour les Party Expert et Véronneau de ce monde. «Pour avoir le meilleur prix lorsqu'on importe, on achète en gros, explique le propriétaire de Plantes et Décors Véronneau, Guy Véronneau. On économise entre 20% et 25% sur les commandes faites directement en Chine, par exemple. Mais il faut ensuite avoir beaucoup de place pour liquider la marchandise.»

Pour une troisième année, la féérie des Fêtes s'est ainsi emparée de Véronneau. Le 5 novembre, trois magasins temporaires de Noël se sont ajoutés aux sept réguliers et franchisés de l'entreprise. La marchandise est disposée jusqu'au 6 janvier dans des locaux de 3000 à 6000 pi2. «Nos boutiques temporaires vont très bien», affirme Guy Véronneau.

Il n'y a que l'absence de neige, cette année, qui jette un peu d'ombre sur l'entreprise dont les ventes de Noël représentent 38% du chiffre d'affaires annuel. «L'an dernier, la première neige est arrivée le 1er novembre, se souvient Guy Véronneau. Jusqu'ici, on n'est qu'à la moitié des ventes de l'an passé. Les gens ont moins le goût de décorer. Le chiffre d'affaires de 2011 devrait être de 25% inférieur à celui de 2010.»

Autrement, les adresses temporaires de Véronneau s'affichent comme concurrents des Rona, Canadian Tire et autres détaillants qui vendent sapins, guirlandes et boules de Noël.

Symbole d'une autre grande fête, la chaîne Party Expert, qui se spécialise dans les articles pour anniversaires et soirées thématiques, multiplie l'ouverture de magasins spécialisés d'Halloween. «Le marché grossit, note Lynda Bouvier, propriétaire de Party Expert et de Groupe Festi-Fêtes Location. Les adultes se costument de plus en plus. Aujourd'hui, c'est une fête pour tous.

«L'Halloween représente plusieurs millions de dollars pour nous et 30% de notre chiffre d'affaires, ajoute-t-elle. Au Canada, c'est une industrie de près de 2 milliards.»

Mais il y a une autre raison, défensive celle-là, qui motive l'ouverture de magasins temporaires d'Halloween. En septembre dernier, Party Expert en a ouvert six, dont deux près de son magasin régulier du boulevard Saint-Martin à Laval, pour éviter que des concurrents investissent les locaux vacants. «La compétition est forte et elle peut nous faire mal», affirme Lynda Bouvier.

Conséquence de cette compétition? «Un des locataires potentiels a offert 15 000$ de plus pour avoir le local, raconte Lynda Bouvier. Habituellement, on loue à juste prix, mais cette fois, on a dû miser davantage. À Mascouche, où on a ouvert un autre magasin temporaire, notre compétiteur a fait la même chose, donc on a loué pour 10 ans! On se protège. Certains veulent bénéficier de notre achalandage. Ça affecte énormément notre chiffre d'affaires.»

Cette année, la compétition de Party Expert se nommait notamment Trouille et citrouille, une entreprise temporaire d'AB Entreprises, que La Presse Affaires a tenté de joindre sans succès.

Aux aguets, Party Expert adoptera la même stratégie l'an prochain. D'autant plus que l'ouverture d'un pop up, comme on les nomme en anglais, est parfois précurseur de l'implantation d'un magasin régulier. «C'est la meilleure formule pour nous pour tester le marché», affirme Lynda Bouvier.