Si les internautes américains ont le Cyber Monday, les cyberacheteurs canadiens risquent fort d'avoir un premier cyber Boxing Day. S'il n'en tient qu'aux prévisions des analystes, les achats en ligne ne connaîtront pas de croissance spectaculaire cette année au pays, la plupart des internautes allant sur la Toile pour trouver les aubaines de dernière minute ou pour profiter des liquidations d'après-Noël.

C'est une habitude qui est renforcée par les pratiques commerciales de certains grands détaillants, qui liquident une partie de leurs stocks exclusivement sur internet. Des rabais plus que substantiels sur des produits souvent haut de gamme, comme des appareils électroniques, des meubles ou des électroménagers, attirent les internautes.

«C'est une façon pour nous de liquider de petites quantités de produits invendus et pour lesquels nous n'avons pas les moyens de faire de la publicité», explique Thierry Lopez, directeur du marketing pour Future Shop. Le détaillant de produits électroniques procède à de telles liquidations en ligne tout au long de l'année, mais elles ne sont jamais aussi importantes qu'immédiatement après Noël, ajoute M. Lopez.

Le numérique plus timide

La période des Fêtes est aussi celle où il se vend le plus de produits de divertissement numérique, comme des films, de la musique ou même des livres. Cette année ne fera pas exception, même si les détaillants qui en profiteront réellement sont rares, au Québec.

«Internet représente 6% de nos ventes totales, et le numérique compte pour 3% de cette portion», indique Blaise Renaud, directeur général de la chaîne Renaud-Bray. Il y a deux ans, le libraire a investi massivement dans la création d'un entrepôt destiné exclusivement aux produits vendus sur la Toile.

Depuis, Renaud-Bray a vu ses ventes en ligne quadrupler. Son directeur général ne voit pas cette tendance ralentir, en partie grâce aux internautes étrangers qui visitent son site pour des produits d'ici. «Internet crée une diversité des modes de consommation qui profite aux gens plus occupés, ainsi qu'aux francophones expatriés. Ça nous permet d'élargir notre marché au-delà de notre réseau de librairies», ajoute M. Renaud.

Du lèche-vitrine virtuel

Au total, quelque 45% des consommateurs canadiens comptent acheter sur internet d'ici Noël. C'est 2% de mois que l'an dernier, selon une étude réalisée par la firme Deloitte. C'est qu'au Canada, les consommateurs sont plus enclins à utiliser internet comme outil de magasinage que comme outil d'achat.

Deloitte prévoit qu'un peu plus des deux tiers des Canadiens qui magasineront sur internet au cours de l'actuelle période des Fêtes ne feront que se renseigner sur le prix de produits vendus en magasin.

«Jusqu'à 70% des acheteurs consultent Internet avant de se rendre au centre commercial», plutôt que d'acheter directement sur internet, résume Peter Barr, spécialiste du marché du détail pour Deloitte Canada.

Cette pratique distingue les consommateurs canadiens de leurs homologues américains, qui ont pris l'habitude d'acheter leurs cadeaux sur internet. Aux États-Unis, ça a donné naissance au Cyber Monday, le lundi suivant le Thanksgiving américain où les détaillants proposent d'importants rabais aux internautes américains.

Le Cyber Monday suit aussi le Black Friday, la première journée officielle du magasinage des Fêtes chez nos voisins du sud. Cette année, les analystes prévoient un vendredi comparable à celui de l'an dernier. Le lundi suivant, par contre, on s'attend à une croissance de 12% des ventes en ligne. Pendant ce temps au Canada, Deloitte s'attend à une période des Fêtes à peu près identique à celle de l'an dernier.