Encore bonne, mais recentrée sur les achats essentiels. Ainsi se résument les attentes des détaillants en prévision de la rentrée scolaire, l'un des temps forts de leur année.

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«Le commerce de détail est en dents de scie au Québec depuis le début de l'année. Par conséquent, les détaillants ont des attentes modérées envers cette rentrée 2011, d'autant plus que la tempête boursière des derniers jours risque d'affecter la confiance des consommateurs et leurs dépenses à court terme», résume Marie-Claude Frigon, conseillère principale des détaillants et associée chez la firme RSM Richter Chamberland, à Montréal.

Un réconfort toutefois pour les détaillants: la plupart des achats liés à la rentrée scolaire constituent des dépenses inévitables pour les parents d'élèves et les étudiants plus autonomes. À preuve, les listes d'achats de fournitures scolaires, de livres et même de vêtements uniformisés sont désormais chose courante chez la plupart des établissements d'enseignement.

«Les parents d'élèves et les étudiants vont habituellement réduire d'autres dépenses avant de toucher aux achats requis pour la rentrée scolaire», selon Mme Frigon.

C'est pourquoi le marché des achats liés à la rentrée devrait encore approcher les 300 millions au Québec, un chiffre qui découle d'un sondage mené l'automne dernier par le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD).

Par famille, le budget moyen des achats de la rentrée voisine les 415$, suggèrent des sondages menés par le Conseil ainsi que les principales marques de cartes de crédit au Canada, Visa et MasterCard.

Parmi les détaillants les plus intéressés par la rentrée, les attentes varient de la modération à l'optimisme.

«La rentrée scolaire, en août et septembre, est notre plus importante saison de l'année. Mais cette année, je m'attends à une croissance de nos ventes réduite de moitié par rapport aux 10% dont avons bénéficié depuis quelques années», indique Charles Clément, PDG de la chaîne de 32 magasins Clément de vêtements pour enfants et adolescents. Ce détaillant cible le marché des vêtements griffés de gamme moyenne et supérieure, ainsi que les vêtements uniformisés chez un nombre croissant d'écoles privées et publiques.

Les attentes envers la rentrée 2011 sont aussi modérées à la direction des 56 magasins L'Aubainerie, spécialisés dans le marché familial des vêtements et des chaussures à prix abordables.

«Les trois mois d'août à octobre constituent notre plus important temps fort de l'année, avec le tiers de nos ventes annuelles et des efforts particuliers de promotion. Mais avec ce qui se passe dans l'économie, nous nous attendons cette année à des ventes comparables à celles de l'an dernier», confie Marie-Claude Lapierre, directrice générale adjointe et chef des opérations à L'Aubainerie.

Un sursaut de promotions est aussi l'une des tactiques privilégiées du détaillant le plus intéressé par la rentrée scolaire: Bureau en gros et ses 71 magasins au Québec d'articles de bureau et d'informatique.

«La rentrée représente nos plus grosses semaines de ventes de toute l'année. Et malgré la conjoncture économique, nous nous attendons à faire encore mieux cette année que lors de la rentrée 2010», soutient Rudel Caron, vice-président pour le Québec chez Bureau en gros, une filiale du géant américain Staples.

Pour mieux gérer l'affluence de la rentrée, Bureau en gros ajoute de 5 à 10 commis par établissement. L'inventaire en magasin est aussi grossi considérablement, en variété et en quantité.

«Nous avons beaucoup d'articles à bas prix, qui sont l'objet d'une forte promotion. Mais aussi, nous avons rehaussé notre gamme d'articles à prix intermédiaire parce que les parents se préoccupent de plus en plus de la qualité et de la durabilité des articles scolaires pour leurs enfants», selon M. Caron.

Il décline toute précision sur la performance d'affaires de Bureau en gros durant la saison de la rentrée. Néanmoins, ce détaillant peut prétendre à la plus importante part de marché des fournitures scolaires.

Bureau en gros et Walmart en tête

Selon le sondage du Conseil québécois du commerce de détail mené à l'automne 2010, la moitié des consommateurs québécois concernés par la rentrée feraient la majorité de leurs achats de papeterie scolaire chez Bureau en gros.

Et son plus proche concurrent? Nul autre que le géant Walmart des grands magasins à escompte, où 17% des consommateurs québécois feraient la majorité de leurs achats de la rentrée scolaire.

Malgré tout, cet attrait des grands détaillants à escompte ne semble pas décourager les détaillants de moindre envergure qui espèrent aussi profiter du marché de la rentrée.

«Nous nous assurons d'avoir des prix compétitifs pour des articles à volume comme les dictionnaires et les grammaires. Mais comme détaillant spécialisé, nous avons un meilleur service pour les achats liés aux listes de lectures scolaires, par exemple», indique Blaise Renaud, directeur général de la chaîne des 25 librairies Renaud-Bray.

«Quant aux achats de papeterie scolaire, nous misons sur une gamme limitée d'articles originaux pour nous distinguer de certains concurrents qui privilégient surtout les bas prix et les gros volumes de ventes.»

- 1,27 million d'élèves et étudiants (du primaire à l'université)

- 763 000 familles avec enfant(s) d'âge scolaire

- 415$ d'achats en moyenne par famille

- 290 millions en achats totaux en août

Sources : ministère de l'Éducation du Québec, Statistique Canada, Conseil québécois du commerce de détail, Visa Canada, MasterCard Canada