La hausse des prix des aliments et du carburant d'automobile continue de gruger le pouvoir d'achat des consommateurs, ce qui les pousse à limiter leurs autres dépenses, en particulier pour les biens et services saisonniers.

C'est un des constats que font des économistes à la lecture des données de ventes au détail de mars, publiées hier par Statistique Canada.

Pour un quatrième mois consécutif, la valeur totale de ces ventes a stagné autour de 37 milliards $. Et en ajustant ce chiffre selon l'inflation, particulièrement pour l'essence et les aliments, leur volume était en baisse de 0,8% en mars au Canada par rapport au mois précédent.

Parmi les provinces, le Québec fait plutôt bonne figure avec une légère remontée de 0,5% des ventes au détail par rapport au mois précédent. Mais il ne s'agit que d'un rattrapage du léger recul observé en février. En comparaison, l'Ontario a subi un recul de 0,8% pour la même période. C'est une baisse significative pour le plus gros marché régional de consommation au Canada.

Selon Robert Kavcic, économiste à la Banque de Montréal (BMO), «la fête de Pâques tardive ainsi que le temps maussade de ce printemps ont sans doute eu un impact négatif sur les ventes au détail. Mais au-delà de ces facteurs, c'est clair que les dépenses de consommation au Canada perdent leur élan alors que les prix de l'essence et des aliments continuent d'augmenter ».

Les secteurs les plus affectés par le ressac se trouvent surtout dans la grande catégorie de la «consommation discrétionnaire».

Ainsi, les ventes de meubles, de vêtements et d'accessoires de mode, ainsi que des produits de réno-décoration et de jardinage affichent les plus fortes baisses en mars par rapport au mois précédent.

En rénovation et en jardinage, d'ailleurs, le recul des ventes s'avère encore plus prononcé - moins 10% - lorsqu'il est calculé sur une base annualisée, par rapport à mars 2010.

D'ailleurs, des indices d'un tel recul des ventes saisonnières de printemps avaient émergé des résultats trimestriels publiés récemment par des détaillants d'importance dans ces secteurs.

Chez le quincailler Rona, par exemple, un début de printemps difficile a provoqué une perte à son premier trimestre 2011.

Les détaillants Walmart et Sears ont quant à eux enregistré des baisses notables des ventes dans leurs magasins comparables, c'est-à-dire ouverts depuis plus d'un an.

Mais ce recul des ventes pourrait s'avérer temporaire, selon Marc Pinsonneault, économiste à la Banque Nationale.

Il cite deux raisons principales. «D'abord, après avoir plongé en mars, l'indice de confiance des consommateurs du Conference Board a rattrapé le terrain perdu durant les mois d'avril et de mai. »

Ensuite, souligne M. Pinsonneault, « la masse salariale a continué de croître durant le premier trimestre 2011 et elle est appelée à faire un bond vigoureux au deuxième trimestre.»

Selon l'économiste, la création d'emplois en avril (" 58 000 postes) est demeurée bonne au point de rendre «improbable» la persistance d'un ralentissement de la consommation au cours des prochains mois.

- Avec PC