Sa tentative d'achat de la chaîne américaine Casey's ayant échoué, l'année dernière, Alimentation Couche-Tard (T.ATD.B) examine maintenant plus attentivement les possibilités d'acquisitions à l'extérieur de l'Amérique du Nord.

«Le potentiel demeure plus élevé en Amérique du Nord, et c'est certainement là que nous concentrons nos efforts, mais nous regardons aussi à l'international», a confié jeudi le président et chef de la direction de la chaîne de dépanneurs et de stations-service, Alain Bouchard, au cours d'une téléconférence avec les analystes financiers.

Le dirigeant a précisé qu'une éventuelle acquisition outre-mer ne permettrait pas d'accroître significativement le pouvoir d'achat de Couche-Tard, à moins qu'il s'agisse d'une transaction très importante. Or, cette réalité ne rend pas moins intéressante une percée en terres étrangères.

«Cela prend plus que 200 magasins pour que nous puissions (obtenir un meilleur pouvoir d'achat), mais nos habiletés, nos techniques de marchandisage ainsi que notre façon de gérer et de réaménager les magasins font en sorte que nous pouvons créer de la valeur dès le premier jour d'une acquisition dans un pays donné», a expliqué M. Bouchard, évoquant l'entrée de Couche-Tard sur le marché américain, en 2001.

L'automne dernier, Couche-Tard a abandonné son offre hostile visant l'acquisition des quelque 1500 magasins de Casey's, au coût de quelque 2 milliards $ US. Les actionnaires de l'entreprise de l'Iowa avaient refusé d'appuyer le projet.

Le marché des transactions n'est pas mort pour autant, a assuré jeudi Alain Bouchard. «Nous avons vu plus d'activité sur ce front au cours des six derniers mois qu'au cours des deux dernières années», a-t-il dit.

Résultats

Au cours de son troisième trimestre, qui a pris fin le 30 janvier, Couche-Tard a enregistré des profits nets de 71 millions $ US (38 cents US par action), en hausse de 29,6 pour cent par rapport aux 54,8 millions $ US (29 cents US par action) dégagés pendant la même période de l'exercice précédent.

Les analystes sondés par Thomson Reuters tablaient en moyenne sur un bénéfice par action de 37 cents US. Satisfaits, les investisseurs ont fait progresser de 2,5 pour cent le cours de l'action de Couche-Tard, qui a clôturé à 25,35 $ jeudi, dans un marché baissier à la Bourse de Toronto.

Le détaillant lavallois a notamment tiré profit de la croissance de ses ventes ainsi que de l'augmentation des marges bénéficiaires sur les marchandises et les services.

Le chiffre d'affaires a atteint 5,6 milliards $ US, en hausse de 13,7 pour cent, propulsé principalement par la hausse des prix du carburant.

Les ventes de marchandises dans les magasins canadiens ouverts depuis au moins un an ont toutefois augmenté d'à peine 0,4 pour cent, alors que l'analyste Martin Landry, de Valeurs mobilières Desjardins, prédisait une croissance de trois pour cent. La mauvaise météo serait en jeu. Aux États-Unis, la progression a atteint 3,9 pour cent.

Couche-Tard exploitait 5874 magasins à la fin janvier, soit une trentaine de moins que trois mois plus tôt. Soixante-six magasins ont été fermés ou vendus tandis que 27 ont été ouverts ou acquis.

«L'augmentation du nombre de magasins est un seul des outils dont nous disposons pour créer de la valeur, a affirmé M. Bouchard. Cependant, notre excellente santé financière, jumelée à notre habileté et à notre réputation de conclure des acquisitions réussies font en sorte que nous serons prêts lorsque la bonne transaction au bon prix cognera à notre porte.»

Au cours de la téléconférence avec les analystes, les dirigeants de Couche-Tard n'ont fait aucune mention de la campagne de syndicalisation de ses magasins québécois que mène actuellement la CSN.

Dans une vidéo destinée aux employés de Couche-Tard, et dont lesaffaires.com a obtenu une copie, Alain Bouchard laisse entendre qu'une vague de syndicalisation pourrait faire grimper les coûts d'exploitation de l'entreprise et entraîner la fermeture d'établissements.