Comme Hydro-Québec, qui a l'intention d'éliminer 700 emplois, la Société des alcools et Loto-Québec fouillent actuellement dans leurs tiroirs pour trouver les millions supplémentaires réclamés par le gouvernement pour équilibrer ses finances.

Aucune réduction d'effectif n'est toutefois dans les plans des deux autres sociétés d'État à vocation commerciale, qui pensent plutôt faire croître leurs revenus et leurs profits, mais sans augmenter leurs prix, comme l'actionnaire l'a exigé.

Loto-Québec pense pouvoir remplir la commande gouvernementale grâce à ses nouvelles activités de jeu en ligne. «Le jeu en ligne générera des revenus additionnels à compter de cet automne», a fait savoir son porte-parole, Jean-Pierre Roy.

Selon lui, il y a «un certain nombre de scénarios possibles» pour rapporter 50 millions de plus par année. La direction de la société entend en discuter avec le ministère des Finances pour établir son plan match.

Pour cette année, c'est 5 millions de plus que Loto-Québec doit trouver. «C'est un objectif qui nous apparaît à notre portée», a dit M. Roy. Les dépenses annuelles de Loto-Québec sont de 2,4 milliards.

Les revenus supplémentaires exigés par le gouvernement doivent augmenter année après années pour atteindre 50 millions en 2013-2014 pour Loto-Québec comme pour la SAQ.

«On va continuer sur notre lancée», a indiqué la porte-parole de la SAQ, Isabelle Merizzi. Entre 2005 et 2009, la SAQ a réussi à réduire ses coûts de fonctionnement de façon appréciable, selon elle.

«En 2005, chaque dollar de vente nous coûtait 24 cents et en 2009, c'est 19,4 cents», a-t-elle illustré.

La SAQ a aussi réussi à réduire les coûts de manutention. Dans les entrepôts, le roulement des caisses de bouteilles s'est accentué, passant de 18 caisses à l'heure à 21 caisses à l'heure, avec le même nombre d'employés.

La SAQ pense être en mesure de faire mieux, avec l'aide de la technologie et en allant chercher des ventes supplémentaires. «On va livrer la marchandise», a dit Isabelle Merizzi.

La SAQ dépense 1,6 milliard par année.

Au total, le gouvernement veut aller chercher 350 millions de plus chez les trois sociétés d'État, soit 2,5% de leurs dépenses totales de fonctionnement qui atteignent 13,7 milliards.

Des bonis sensibles

En plus de livrer des gains de productivité, le gouvernement voudrait que les dirigeants des sociétés d'État renoncent à leurs primes de rendement pour les deux prochaines années. Dans la fonction publique, toutes les primes et bonis seront suspendues pour les deux prochaines années mais le gouvernement ne peut pas imposer la même chose à ses sociétés d'État à vocation commerciale, qui sont dirigées par un conseil d'administration.

Québec s'attend toutefois à «un effort de discipline comparable» de leur part.

C'est une question sensible. «Les bonis sont conditionnels à l'atteinte d'objectifs, souligne Jean-Pierre Roy, de Loto-Québec. Si vous ne les versez pas, est-ce que c'est une économie?»

La porte-parole de la SAQ rappelle de son côté que les primes et bonis sont approuvés par le conseil d'administration un an d'avance. Pour l'exercice qui vient de se terminer, il n'y aura donc aucun changement dans la politique de rémunération, a dit Isabelle Merizzi. «Pour les années à venir, on est en analyse».

Le président-directeur général d'Hydro-Québec, Thierry Vandal, a contourné la question quand on lui demandé jeudi si ses primes et celles de ses employés seraient éliminées pour contribuer à la lutte au déficit. «Vous me permettrez d'en convenir d'abord avec le conseil d'administration», a-t-il répondu.

En 2009, le président d'Hydro a reçu une prime de rendement de 125 267$ qui, avec son salaire de 421 008$, donne une rémunération de 546 275$.