La pente a été abrupte. Le vent de face était exécrable. Une fois la ligne d'arrivée franchie, Louis Garneau Sports jette un oeil à l'horloge. Encore une fois, il a réussi à améliorer ses temps.

Reprenant son souffle après la dure épreuve de la récession, le fabricant de vélos et d'accessoires de Saint-Augustin-de-Desmaures fait le point avant de poursuivre son ascension des plus hauts sommets.

«Nous venons de connaître notre meilleure année depuis les 15 dernières années», rend compte le président et chef de la direction de la société, Louis Garneau. Il parle d'une croissance de près de 30%. Un exploit, étant donné que la crise économique a provoqué son lot de crevaisons et de sorties de route chez les coureurs.

La performance de l'entreprise d'un peu plus de 350 employés - 225 à Saint-Augustin, 90 aux États-Unis et une cinquantaine au Mexique - n'est pas le fruit du hasard. «Nous avons semé des graines depuis plusieurs années», expose Louis Garneau en entrevue au Soleil.

Mondialisation oblige, le modèle d'affaires de Louis Garneau Sports a été redessiné.

«Au début, il y a un peu plus de 25 ans, j'étais un manufacturier 100% québécois. C'était ma fierté. Je voulais poursuivre sur cette lancée jusqu'à la fin de mes jours. Au fil des ans, je me suis rendu compte que si je m'entêtais avec cette vision, je me dirigeais tout droit vers la faillite. Mes coûts ne cessaient d'augmenter alors que ceux de mes compétiteurs dégringolaient. Il a fallu faire des choix.»

Successivement, les choix de Louis Garneau Sports ont donc été de s'installer aux États-Unis pour se protéger des fluctuations des taux de change, d'envoyer une partie de sa production en Chine - il fait maintenant affaire avec 72 sous-traitants en Asie - et d'ouvrir une usine au Mexique.

Aujourd'hui, dans plus de 40 pays partout dans le monde, il est possible d'acheter un casque Louis Garneau Sports fabriqué au Canada, des souliers Louis Garneau Sports produits en Chine et des vêtements Louis Garneau Sports sortis tout droit de Louis Garneau Mexico!

En cours de route, Louis Garneau Sports a dû cesser la fabrication de maillots de bain. «Wal-Mart en vend à 14,95$ et ils sont de qualité.»

Par contre, le consommateur trouve toujours en magasin les habits de neige pour enfants et les sacs d'école Louis Garneau. Cependant, ils ne sont plus fabriqués par Louis Garneau Sports, mais par des partenaires avec lesquels l'entreprise échange l'utilisation de la marque Louis Garneau en retour du paiement de royautés.

«Aujourd'hui, notre modèle d'affaires ressemble à celui d'une grande multinationale, mais nous demeurons un petit joueur, une entreprise qui choisit ses batailles», indique M. Garneau en ajoutant qu'il n'est pas rare que quelqu'un lui souffle à l'oreille qu'il pourrait faire de bonnes affaires en fabricant des chaussures.

«Pourquoi j'irais me battre sur le terrain de Nike, de Reebok ou d'Adidas sinon que pour aller manger une volée? Aujourd'hui, si on veut être bon, il faut en faire moins et exceller dans ce que l'on fait.»

Des vélos à l'international

La force de Louis Garneau, c'est le vélo et les accessoires (vêtements, casques, souliers, gants, lunettes).

«Nous offrons une solution complète pour les cyclistes et nous les accompagnons durant la saison morte.» En effet, Louis Garneau commercialise également des raquettes, des vêtements d'hiver et des vélos stationnaires.

Il vend surtout ses produits à des boutiques spécialisées. Il a 2000 clients aux États-Unis, et autant de ce côté-ci de la frontière. Il n'est pas à la merci des quatre volontés d'un ou deux grands clients.

«Je travaille avec des magasins de vélos indépendants à Fort Lauderdale, à Tokyo ou à Val-Bélair qui appartiennent à des passionnés et qui offrent des produits de qualité.»

Ses vélos, Louis Garneau Sports les vend principalement au Canada. On les trouve également en Asie puisque l'entreprise a accordé le droit à un distributeur japonais d'y vendre des vélos Louis Garneau.

Il entend d'ailleurs recourir davantage à cette stratégie, l'attribution de licences externes, pour accélérer la commercialisation de ses produits dans le monde.

À compter de l'automne, il attaquera le marché international dans un créneau très pointu: celui des vélos haut de gamme pour le biathlon et la route. Des engins personnalisés qui se vendront de 2000$ à 8000$. «Ils pourront être peints aux couleurs que désire le client.»

«Nous faisons des vélos depuis 10 ans. Nous sommes maintenant prêts à faire le saut à l'international.»