Pour souligner son 40e anniversaire, Jean Coutu (t.pjc.a) avait convié ses actionnaires à un montage de ses pubs télé - certaines ayant bien vieilli, d'autres moins - à l'occasion de son assemblée annuelle. Malgré ce clin d'oeil nostalgique, l'entreprise fondée par Jean Coutu se tourne résolument vers l'avenir. Et l'avenir de Jean Coutu est au Québec, où l'entreprise compte ouvrir 100 nouvelles pharmacies d'ici cinq à sept ans.

Le nombre de pharmacies passera ainsi de 300 à 400 - une hausse de 33% - d'ici 2016. Seulement cette année, le Groupe Jean Coutu ouvrira 14 nouvelles pharmacies, en plus d'en déménager 11 et d'en agrandir 58. «Tout notre focus sera mis sur le Québec, un marché que l'on connaît bien», dit François J. Coutu, président et chef de la direction de Pharmacie Jean Coutu.

Au Québec, Jean Coutu reste le leader de son industrie - 63,3 millions d'ordonnances l'an dernier, soit le tiers des ordonnances de la province -, mais son concurrent Pharmaprix continue de gruger des parts de marché. Des succès qui ont surtout affecté les finances des pharmacies indépendantes, fait valoir François J. Coutu. «C'est sûr que c'est spectaculaire de voir une nouvelle pharmacie, mais nous avons encore la faveur des clients (au Québec), dit-il. Nous n'avons pas peur de la concurrence. Sans nous asseoir sur nos lauriers, la concurrence nous stimule à être meilleur.»

Par devenir meilleur, François J. Coutu entend devenir plus rentable. Ses derniers résultats financiers lui donnent raison. Au cours de la dernière année, l'entreprise fondée par son père le 2 juin 1969 a généré des profits de 232,8 millions sur des revenus de 2,4 milliards durant l'exercice financier 2009. Il s'agit d'une hausse des profits de 3,3% et des revenus de 6,5% par rapport à l'exercice précédent au Canada.

Au premier trimestre de 2010, le Groupe Jean Coutu a vu ses profits (64,7 millions) croître de 18,9% par rapport à la même période l'année précédente. Ses revenus ont cru de 7,8% pour atteindre 619,3 millions.

Des résultats «réconfortants» et «extraordinaires en ces temps économiques difficiles», selon le fondateur Jean Coutu, qui présidait l'assemblée annuelle des actionnaires hier matin à Longueuil vêtu de sa traditionnelle blouse blanche de pharmacien.

L'échec américain

Les résultats de Jean Coutu au Canada n'ont toutefois pas réussi à faire oublier aux actionnaires l'échec américain. En 2006, Jean Coutu a vendu ses 858 pharmacies américaines Brooks et Eckerd à Rite Aid pour 1,45 milliard US en argent et 32% des actions de Rite Aid. Estimée à 1 milliard US, la valeur de ce bloc d'actions a été rongée au fil des trimestres par les pertes de Rite Aid. Si bien que l'investissement de Jean Coutu dans Rite Aid ne vaut que 22,6 millions dans les livres de Jean Coutu - une somme qui devrait être radiée en cours d'année.

À la Bourse, la participation de Jean Coutu dans Rite Aid valait 325 millions US hier à la fermeture, mais Jean Coutu n'a pas l'intention de s'en départir. «Notre investissement est presque entièrement radié. Tout ce qui reste, c'est de l'upside», dit François J. Coutu.

Hier, son paternel n'a pas hésité à qualifier l'aventure américaine d'erreur. «Oui, c'est un fait, dit Jean Coutu. Ça n'a pas été agréable de participer à ça.»

Jean Coutu met le fiasco américain sur le compte de l'incertitude entourant la transaction, qui a mené au départ de plusieurs pharmaciens et gérants, ainsi qu'aux décisions du conseil d'administration de Rite Aid, qui a trop tardé avant de suivre ses conseils. «En pharmacie, le secret, c'est le client, dit Jean Coutu. Les gens de Rite Aid ont été lents à comprendre, mais ils ont changé certaines personnes à la haute direction. C'est un geste excessivement important et c'est pour ça que nous restons chez Rite Aid.»

La famille Coutu garde espoir que la réforme du système de santé proposée par le président Barack Obama finira par renflouer les finances de Rite Aid, numéro trois des chaînes de pharmacies aux États-Unis. Au contraire des Québécois, les Américains ne disposent pas d'une assurance médicaments universelle. «C'est sûr qu'Obama a des idées d'envergure en santé, mais les États-Unis ont une dette énorme», dit François J. Coutu.

Hier, le titre de Jean Coutu a gagné 1,07% (10 cents) pour clôturer la séance à 9,48$ à la Bourse de Toronto.

Retour aux bénéfices

1er trimestre 2009-2010 /1er trimestre 2008-2009

Revenus* 619,3 /574,3

Bénéfice net* 10,3 /(20,2)

Bénéfice par action 0,04 $ /(0,08 $)

* Chiffres en millions sauf le profit par action