Postes Canada fait face à des retards de livraisons de colis qui remontent déjà à plusieurs jours, a annoncé mercredi la société d'État, en raison de l'intensification du mouvement de grève des employés syndiqués.

Des dizaines de remorques remplies de colis sont en attente d'être déchargées dans trois des plus importants établissements de traitement du courrier, selon Postes Canada, alors que des syndiqués de Postes Canada de plusieurs municipalités du Québec se sont joints, mercredi, aux grèves tournantes qui affectent tout le pays.

Mardi, plus de 6000 travailleurs des postes de Montréal et des environs avaient rejoint les grévistes, avant de reprendre le travail au terme d'un débrayage de 25 heures.

« À l'heure actuelle, à Toronto, Vancouver et Montréal, plus de 150 remorques attendent d'être déchargées pour que les articles soient traités. Plusieurs autres arrivent chaque jour », a déclaré le porte-parole de Postes Canada, Jon Hamilton, mercredi.

« Une fois traités, ces articles doivent être livrés sans surcharger de travail nos employés de livraison. Par conséquent, les clients pourraient voir des retards de plusieurs jours », a-t-il ajouté.

Ensemble, ces trois sites clés peuvent traiter jusqu'à un million de colis par jour en provenance de partout au pays, a précisé M. Hamilton.

Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) poursuit ses moyens de pression partout au Canada et c'est au tour du Québec de rejoindre le mouvement. Mercredi, le débrayage touchait Joliette, Sorel-Tracy, Saint-Jean-sur-Richelieu, Saint-Jérôme, Sainte-Thérèse-de-Blainville, Salaberry-de-Valleyfield et Vaudreuil-Dorion.

Le débrayage à Montréal a pris fin mardi soir, mais 15 autres communautés à travers le pays participaient aux arrêts de travail tournants mercredi soir, a indiqué le syndicat.

Ailleurs au pays, les activités à Ottawa ainsi qu'à Charlottetown, dans l'Île-du-Prince-Édouard, et dans quatre localités de l'île de Vancouver, en Colombie-Britannique, étaient perturbées pour la journée.

En début de semaine, au moment où la grève était déclenchée à Montréal, la présidente de la section locale du STTP, Lise-Lyne Gélineau, avait réitéré que la charge de travail était l'un des enjeux au coeur du litige, soulignant que les ventes en ligne augmentaient le nombre de colis à livrer pour les facteurs.

« Les gens ont un itinéraire de huit heures, mais ils doivent terminer leurs routes. Ils sont payés pour le faire, mais ce n'est pas cela qu'ils veulent, ils veulent des itinéraires qui respectent un horaire de travail », a dit Mme Gélineau.

De son côté, la direction de Postes Canada a assuré qu'elle faisait tout son possible pour atténuer les effets de la grève, mais a prévenu que les clients pourraient tout de même subir des retards dans la livraison des colis et du courrier.

Fin des heures supplémentaires

Par ailleurs, le STTP a annoncé qu'à compter de minuit une minute, le jeudi 1er novembre, les membres de ses deux principales unités de négociation vont cesser d'effectuer des heures supplémentaires.

Le mot d'ordre demande aux employés de s'en tenir à huit heures de travail par jour et à 40 heures par semaine.

« La consigne s'applique aussi aux factrices et facteurs qui ont été contraints de travailler tellement d'heures supplémentaires que bon nombre ont perdu l'habitude de voir leur famille avant la tombée de la nuit », peut-on lire dans le communiqué du syndicat.

« La surcharge de travail, les heures supplémentaires et le surmenage sont tous des enjeux importants de cette ronde de négociations. D'ici à ce que l'équipe de négociation de Postes Canada décide de s'attaquer à ces problèmes, nous allons les régler nous-mêmes », annonce par écrit le président national du STTP.

Le syndicat soutient que l'employeur abuse des heures supplémentaires imposées aux travailleurs et que cela « met en danger » leur « santé physique et mentale ».

Le syndicat et les services postaux ont été incapables de conclure de nouvelles conventions collectives pour deux unités de négociation après 10 mois de discussions.

Postes Canada a déclaré avoir proposé des offres « significatives » à ses employés, incluant des hausses de salaire.

« Mais ces offres ne règlent aucun des principaux enjeux », a déploré mercredi le président national du STTP, Mike Palecek, dans un communiqué publié sur le site web du syndicat.

Ces enjeux incluent de « graves problèmes de santé et de sécurité », selon M. Palecek qui ajoute que les offres salariales de la partie patronale seraient « bien inférieures à la hausse anticipée du taux d'inflation ».

Mardi dernier, la ministre du Travail, Patty Hajdu, a nommé le médiateur Morton Mitchnick, un ancien président de la Commission des relations de travail de l'Ontario, pour aider les deux parties à résoudre leurs différends.