La croissance des salaires a atteint en avril son plus haut niveau en près de six ans, pendant que l'économie canadienne a généré une perte nette de 1100 emplois et que le taux de chômage est resté stable à 5,8 %.

Selon le rapport publié vendredi par Statistique Canada, le salaire horaire moyen a grimpé de 3,6 % le mois dernier par rapport à celui du mois d'avril 2017. Il s'agissait de la plus forte hausse annuelle à ce chapitre depuis octobre 2012.

Cet indicateur, qui est surveillé de près par la Banque du Canada lorsqu'elle prépare ses décisions sur les taux d'intérêt, grimpe progressivement depuis quelques mois. Sa croissance annuelle était de 3,3 % en mars, et de 3,1 % le mois précédent.

La vigueur des chiffres sur la croissance des salaires semble témoigner d'un raffermissement du marché de l'emploi, qui pourrait faire grimper l'inflation et convaincre la banque centrale de hausse son taux d'intérêt directeur.

Avec une économie qui tourne près de sa pleine capacité, la banque centrale suit une trajectoire à la hausse pour les taux. La seule question restante est de savoir à quel moment la prochaine augmentation aura lieu.

La prochaine décision de la Banque du Canada est prévue pour le 30 mai, mais plusieurs analystes prédisent que son gouverneur, Stephen Poloz, voudra attendre jusqu'à la rencontre de juillet avant de hausser les taux de nouveau. La prochaine augmentation sera la quatrième depuis juillet dernier.

L'économiste Nathan Janzen, de la Banque Royale, a souligné vendredi que les données sur l'emploi avaient été bonnes depuis un certain temps, alors le marché n'a plus tant d'espace pour croître. Un secteur pour lequel il reste une marge de croissance appréciable est celui des salaires, a-t-il cependant ajouté.

Les chiffres sur la croissance des salaires ont profité de la hausse du salaire minimum en Ontario, en vigueur depuis janvier, a noté M. Janzen. Mais même en excluant cette province des calculs, la croissance des salaires s'établit à 3,1 % le mois dernier, en hausse par rapport à 2,9 % pour les trois premiers mois de 2018, a-t-il ajouté.

Aubrey Basdeo, responsable des titres à revenus fixes de la firme BlackRock Canada, a affirmé que même si les chiffres sur les salaires étaient un « signe de santé », elle ne croyait pas que le rapport de vendredi allait changer quoi que ce soit pour la Banque du Canada en ce qui a trait à sa prochaine hausse des taux.

La banque centrale a indiqué le mois dernier que malgré les récentes améliorations à la croissance des salaires, cet indicateur restait bien en deçà de ce qui serait attendu dans une économie qui n'a plus de capacité inutilisée dans sa population active.

Taux de chômage inchangé

Pour ce qui est des principaux chiffres sur l'emploi du rapport de vendredi, le déclin d'ensemble du nombre d'emplois a été si faible que l'agence fédérale ne le considérait pas comme significatif du point de vue statistique.

Le taux de chômage est resté à son creux record de 5,8 % pour un troisième mois consécutif. Il se situe ainsi à son plus faible niveau depuis que l'agence a commencé à calculer cet indicateur, en 1976.

Le taux d'activité a cependant reculé en avril à 65,4 %, comparativement à 65,5 % en mars, alors qu'un moins grand nombre de personnes étaient à la recherche d'un emploi.

L'économie a créé 28 800 emplois à temps plein le mois dernier et en a éliminé 30 000 à temps partiel. Quelque 13 600 emplois du secteur public ont disparu, tandis que le nombre d'emplois dans le secteur privé a grimpé de 28 000.

Les industries productrices de biens ont éliminé 15 900 emplois, pour la plupart dans la construction. Les secteurs des services ont pour leur part accueilli 14 800 nouveaux travailleurs, grâce à la solide croissance des services professionnels, scientifiques et techniques, ainsi que dans les services d'hébergement et de restauration.

Par rapport au mois d'avril 2017, l'emploi a grimpé de 1,5 % le mois dernier, grâce à la création nette de 278 300 emplois. Un total de 378 300 emplois à temps plein ont vu le jour en un an.

L'emploi n'a pas beaucoup bougé dans la plupart des provinces. Il a augmenté au Manitoba et en Nouvelle-Écosse, alors qu'il a baissé en Saskatchewan.

Au Québec, le marché du travail a vu une perte nette de 13 800 emplois, tandis que le taux de chômage a reculé de 0,2 point à 5,4 %. Comparativement à 12 mois plus tôt, le nombre de personnes en emploi a progressé de 73 000 dans la province, surtout sous l'effet de hausses enregistrées aux deuxième et quatrième trimestres de 2017, a observé Statistique Canada.