Un député libéral d'arrière-ban qui a rompu les rangs lors d'un vote concernant la réforme fiscale est prêt à en assumer toutes les conséquences.

Wayne Long, qui représente la circonscription de Saint-Jean-Rothesay au Nouveau-Brunswick, est le seul des 180 libéraux à la Chambre des communes à avoir appuyé une motion des conservateurs qui demandait que la période de consultation du gouvernement sur sa réforme fiscale soit prolongée jusqu'au 31 janvier 2018. La motion a été rejetée mardi soir.

«Il fallait que je fasse ce qui était juste pour moi, pour ma circonscription et représenter mes électeurs», a expliqué le député mercredi.

M. Long estime que le gouvernement a mal présenté sa réforme à la population en lançant sa consultation en plein milieu de l'été. Cette consultation qui a duré 75 jours s'est terminée lundi.

«Ça a mal commencé, a-t-il souligné. (...) Les gens dans ma circonscription n'étaient pas préparés en conséquence et ils se sont immédiatement mis sur la défensive et ce n'est pas la bonne façon de mener une consultation.»

Il croit que l'intention de la réforme fiscale est bonne, mais que ce faux départ a créé un «effet boule de neige».

Le whip en chef du gouvernement, Pablo Rodriguez, est resté muet sur les conséquences qui attendent Wayne Long.

«Nous sommes une démocratie, mais ce sont des décisions internes», s'est-il contenté de dire.

Le premier ministre Justin Trudeau s'est aussi abstenu de commenter.

Le geste de M. Long suscite toutefois des réactions au sein du caucus libéral.

Le député Marc Miller a salué le courage de son ami, mais estime qu'il aurait dû se rallier à ses collègues.

«C'est une décision qui est de nature fiscale, a-t-il souligné. La discipline de parti est importante pour notre unité et pour (implanter) notre programme auprès des Canadiens.»

«M. Long, à mon avis, n'a pas commis de faute», a affirmé pour sa part le député Nicola di Iorio qui s'est déjà prononcé contre la réforme fiscale.

«Je pense que ça renforce l'estime qu'il a de ses collègues parce que ça démontre que c'est un homme de convictions. Il croit en quelque chose et il est allé au bout de ses convictions.»

Le ministre des Finances, Bill Morneau, a encore une fois indiqué mardi qu'il était prêt à apporter des changements à sa réforme pour s'assurer qu'elle ne nuise pas au transfert des fermes familiales et qu'elle n'empêche pas les femmes entrepreneures et professionnelles de mettre de l'argent de côté pour un éventuel congé de maternité.

Cette réforme fiscale suscite de la grogne parmi les propriétaires de petites et moyennes entreprises, les agriculteurs et chez certains professionnels comme les médecins qui craignent des impacts négatifs.

Elle vise, entre autres, à mettre fin aux avantages fiscaux utilisés injustement, selon le ministre Morneau, par de riches propriétaires d'entreprises en empêchant la création de sociétés privées dans le strict but d'économiser de l'impôt.

Cette pratique de plus en plus répandue permet aux entrepreneurs et à certains professionnels de fractionner leur revenu entre les membres de leur famille même si ceux-ci ne travaillent pas pour eux.

Les conservateurs talonnent chaque jour le gouvernement sur sa réforme fiscale depuis le retour des députés à la Chambre des communes à la mi-septembre. Cette réforme, selon eux, nuira aux propriétaires de petites et moyennes entreprises en les empêchant de mettre de l'argent de côté à l'abri de l'impôt pour faire face aux imprévus.