Le taux de chômage a reculé en avril à son plus faible niveau depuis le début de la dernière grande récession, mais certains détails, comme la faiblesse record de la croissance des salaires, ont porté ombrage à ce qui aurait autrement été une solide performance du marché du travail.

La création d'emplois a ralenti en avril pour générer la création nette de seulement 3200 emplois, un chiffre si faible qu'il est statistiquement insignifiant, a révélé vendredi le plus récent rapport de Statistique Canada.

Cependant, le Canada a réussi à conserver les gains des derniers mois, et dans la dernière année, plus des deux tiers de la croissance du marché du travail a eu lieu dans le secteur de l'emploi à temps plein, a souligné l'économiste Nathan Janzen, de la Banque Royale.

La participation au marché du travail est en hausse d'une année à l'autre, et M. Janzen a noté que le taux de chômage de 6,5 % en avril - en baisse par rapport à celui de 6,7 % de mars - se situait maintenant sous son niveau moyen sur 10 ans.

En avril, le taux de chômage était à son plus faible niveau depuis octobre 2008. Il montrait en outre un recul de 0,6 point de pourcentage par rapport au même mois en 2016, alors qu'un moins grand nombre de jeunes étaient à la recherche d'un emploi.

Cependant, dans une note de recherche à ses clients, M. Janzen a noté qu'il y avait «une ombre au tableau»: la croissance historiquement faible des salaires.

«À ce sujet, c'est simplement déconcertant», a affirmé l'analyste dans un entretien.

«Habituellement, on pourrait dire que le marché du travail est relativement solide, mais il ne génère pas de croissance des salaires. Alors, je crois que la mesure du salaire est celle qui fera le plus réfléchir la Banque du Canada, et elle nous laisse songeurs nous aussi.»

Le salaire horaire de tous les employés a progressé de 0,7 % en avril, ce qui représentait sa cadence annuelle la plus lente depuis que l'agence fédérale a commencé à colliger ces données, en janvier 1997. Pour tous les employés permanents, les salaires ont augmenté de seulement 0,5 % par rapport à l'an dernier, ce qui était aussi un creux historique.

Selon M. Janzen, la croissance des salaires est un indicateur important, particulièrement pour la Banque du Canada lorsqu'elle prend ses décisions sur les taux d'intérêt. Cette donnée est un indicateur du pouvoir d'achat des ménages et de la santé de leurs revenus mensuels.

Dans une note de recherche émise vendredi, Jimmy Jean, un économiste principal chez Desjardins, a qualifié les chiffres sur les salaires d'«affreux». M. Jean a en outre noté que la croissance des salaires était restée au-dessus de la barre des 2 % pendant la récession de 2008-09.

«On peut s'attendre à ce que (la Banque du Canada) utilise la croissance anémique des salaires pour minimiser davantage le déclin du taux de chômage et s'en servir comme une preuve de «capacité excédentaire» toujours prévalente dans le marché du travail», a écrit M. Jean.

Les économistes s'attendaient en moyenne à un taux de chômage stable à 6,7 % pour avril, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters.

Comparativement à l'an dernier, les données font état d'un gain net de 275 700 emplois au Canada, dont 189 600 à temps plein.

Dans son rapport, Statistique Canada fait état de la disparition de 50 500 emplois dans le secteur privé, tandis que le secteur public en a gagné 35 200. Quelque 31 200 emplois à temps plein sont aussi passés à la trappe le mois dernier, tandis que le nombre d'emplois à temps partiel a progressé de 34 300.

Le taux de chômage chez les jeunes a glissé de 1,1 point de pourcentage à 11,7 % le mois dernier, notamment en raison d'une baisse de 0,5 point de pourcentage du taux de participation dans cette catégorie.