Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) soupçonne Postes Canada de vouloir décréter un lock-out à court terme, ce que la société de la Couronne aura le droit de faire à compter de samedi.

Le syndicat a indiqué, mercredi, que le président-directeur général de Postes Canada, Deepak Chopra, avait rejeté la demande faite la veille de reporter de deux semaines l'échéance d'un éventuel arrêt de travail.

Le syndicat souligne toutefois que Postes Canada n'a soumis sa première offre globale au syndicat que samedi dernier. «Étant donné que la première offre globale avait été déposée samedi, on voulait avoir le temps de faire la préparation et de se rasseoir afin qu'on ait une convention négociée», a indiqué Lise-Lyne Gélineau, présidente du STTP de Montréal, en entrevue avec La Presse canadienne.

Elle ajoute même que l'offre semblait ouvrir la porte à des discussions constructives. «Quand ils ont déposé l'offre globale samedi, je me disais qu'il y avait quand même certaines avancées», a-t-elle laissé tomber.

Du côté de Postes Canada, on indique que les négociations durent depuis la fin de décembre, que des offres «équitables» ont été déposées samedi dernier, mais que le syndicat n'y a toujours pas répondu. «À cause de cela et du fait que tout délai supplémentaire ne peut qu'ajouter à l'incertitude qui affecte nos clients et nos employés, nous ne pouvons accepter des délais supplémentaires», a indiqué par courriel la directrice des communications, Aurélie Walsh.

«Il y a un besoin urgent d'apporter de la certitude à nos clients et à nos employés qui devrait certainement inciter les parties à s'asseoir ensemble à la table pour travailler sans relâche, afin d'en arriver à des ententes avec les unités de négociations urbaine et rurale. Nous avons rappelé au syndicat que nos négociateurs sont prêts à se rencontrer, jour et nuit, pour conclure deux ententes», ajoute Postes Canada.

Le refus de prolonger l'échéance de grève ou de lock-out au-delà de samedi prochain, toutefois, a complètement changé la dynamique, selon Mme Gélineau. «En refusant la prolongation, c'est sûr que nos gens sur le comité de négociation vont devoir travailler d'arrache-pied pour essayer de conclure une entente, sauf que les délais sont très, très courts, et c'est là que la question se pose: est-ce que Postes Canada veut négocier avec l'autre partie?»

Le syndicat reproche aux gestionnaires de Postes Canada d'avoir demandé la conciliation beaucoup trop tôt dans le processus de négociation, provoquant ainsi un compte à rebours vers un conflit.

Le syndicat n'a cependant pas hésité lui non plus à intensifier la pression: il détient lui-même un mandat de grève qui lui a été accordé massivement par ses membres. L'unité syndicale en milieu urbain a voté en faveur d'un arrêt de travail à 94,2 pour cent, et son pendant en zone suburbaine ou en banlieue à 91,3 pour cent. Ce mandat peut aussi être exercé à compter de samedi, puisque la partie patronale a refusé de prolonger ce délai.

Le STTP compte quelque 47 000 membres au Canada, dont environ 10 000 au Québec.

Du côté de Postes Canada, la direction a déjà demandé aux clients de «prendre certaines précautions» en cas de conflit de travail.

La direction de Postes Canada a déjà prévenu que les lettres et les colis ne seraient pas livrés en cas d'arrêt de travail et qu'aucun nouvel article ne pourrait être accepté. Quant aux colis et lettres qui se trouveraient déjà dans le système postal, ils seraient conservés en sécurité pour être livrés à la reprise des activités, a-t-on précisé.

Mardi, le gouvernement du Québec a fait savoir qu'il «mettra tout en oeuvre pour que les chèques gouvernementaux parviennent à temps aux différentes clientèles concernées si un conflit de travail avait lieu à Postes Canada».

Le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, de même que la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail, la Société de l'assurance automobile du Québec et Revenu Québec disent travailler ensemble afin d'assurer la distribution des chèques à leur clientèle respective.

Les citoyens peuvent communiquer avec le Centre des relations avec la clientèle de Services Québec ou consulter le site Portail Québec pour obtenir d'autres renseignements.