Le gouvernement Trudeau «songe sérieusement» à donner un coup d'accélérateur à sa promesse d'investissements massifs dans les infrastructures, afin de stimuler au plus tôt une économie qui traîne de la patte, a appris La Presse Canadienne.

Justin Trudeau avait promis en campagne électorale qu'un gouvernement libéral injecterait 60 milliards $ de plus en 10 ans dans des projets d'infrastructures au pays, pour atteindre 125 milliards $. La plate-forme libérale prévoyait alors d'ajouter à ce programme 17,4 milliards $ de plus au cours du premier mandat - soit 5 milliards $ les deux premières années et 3,45 milliards $ les deux autres. Mais face au ralentissement de l'économie canadienne, le gouvernement libéral tente maintenant de tout mettre en oeuvre pour accélérer cette cadence, a-t-on appris.

Depuis les élections du 19 octobre, les prix des matières premières - notamment le pétrole - ont continué à baisser, le dollar canadien a piqué du nez et la croissance de l'économie a été anémique, alors que les libéraux ont été portés au pouvoir, notamment, en promettant d'aider la classe moyenne et de stimuler l'économie.

La situation économique moins reluisante que prévu a déjà forcé les libéraux à revenir sur leur engagement de limiter les déficits annuels à 10 milliards $ au cours des trois premières années de leur mandat - M. Trudeau parle maintenant d'une simple «cible».

Mais alors que certaines autres promesses libérales coûteuses risquent d'être reportées ou réduites, M. Trudeau et le ministre des Finances, Bill Morneau, maintiennent que les investissements totaux d'Ottawa dans les infrastructures devraient toujours doubler, à 125 milliards $ en 10 ans.

Mercredi, à l'issue d'une rencontre avec le maire de Toronto, John Tory, M. Trudeau a soutenu que son gouvernement n'avait pas l'intention de réduire l'ampleur du programme.

«Les investissements en infrastructures (...) ne font pas partie du problème mais de la solution aux défis posés au Canada», a estimé le premier ministre.

Dans une allocution à Montréal, mardi, le ministre Morneau réitérait que «le contexte est propice pour effectuer des investissements ciblés afin de stimuler l'économie, notamment en raison des taux d'intérêt qui se trouvent à des creux historiques». Et la semaine dernière, le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, estimait lui aussi que les investissements dans les infrastructures constituent «un ingrédient important» dans la croissance économique.

Des projets porteurs

Selon certaines sources, les libéraux souhaitent aller de l'avant rapidement mais veulent tout de même prendre le temps de choisir des projets ambitieux et porteurs à long terme: transport collectif, logements abordables, résidences pour personnes âgées, garderies, infrastructures «résilientes au climat», usines de traitement des eaux, etc.

«Nous voulons faire les choses correctement, de manière responsable», a prévenu M. Trudeau, mercredi.

Le ministre de l'Infrastructure et des Collectivités, Amarjeet Sohi, précisait plus tôt mercredi que le gouvernement étudiera rapidement les projets qui sont déjà ficelés, qui sont jugés prioritaires par les villes et les provinces, et qui n'attendent que les subventions fédérales pour se mettre en branle.

«Nous disposons de milliards de dollars qui n'ont pas été dépensés au cours des deux dernières années et qui peuvent être acheminés dès cette année ou l'an prochain», a-t-il soutenu.

Certains observateurs se demandent comment les libéraux pourront trouver assez de projets sérieux et déjà ficelés pour réussir à dépenser les 5,0 milliards $ prévus à l'origine pour les infrastructures cette année - alors imaginez si cette enveloppe est encore plus importante, disent-ils.

D'autres suggèrent aux libéraux d'assouplir leur engagement qui prévoyait de distribuer les investissements à parts égales entre le transport collectif, les «projets verts» et les «infrastructures sociales». Le ministre Sohi a précisé mercredi que ces détails seront réglés après consultations avec les provinces et les municipalités.

Les détails du nouveau programme d'infrastructures seront connus lors du dépôt du budget, probablement au cours de la deuxième moitié du mois de mars.