Changement de gouvernement, changement de prévisions budgétaires: Ottawa prévoit non pas un surplus, mais plutôt un déficit pour les quatre prochaines années, a annoncé le ministère des Finances dans sa mise à jour économique vendredi. Et ces précisions ne tiennent compte d'aucune promesse libérale.

Le gouvernement Harper avait annoncé dans son dernier budget un bilan positif à compter de 2015. Mais « les perspectives économiques et budgétaires du gouvernement fédéral [...] se sont détériorées depuis que le gouvernement précédent a déposé le budget d'avril 2015 », peut-on lire dans les documents du ministère.

Ainsi, le surplus de 2,4 milliards de dollars pour l'année en cours (2015-16) se transformerait plutôt en déficit de 3 milliards. Ce déficit augmenterait à 4 milliards l'année suivante (2016-17) et il ne se résorberait que dans quatre ans, en 2019-20, avec un retour à un léger coussin de 1,7 milliard de dollars.

Cet ajustement s'élève à environ 6 milliards de dollars par année par rapport aux prévisions du dernier budget. Au total, un surplus de 13,3 milliards sur quatre ans se transforme donc en déficit de 10,7 milliards.

« Les présentes projections budgétaires sont celles dont a hérité le gouvernement actuel. Elles ne prennent pas en considération les mesures adoptées par le gouvernement actuel », précise la mise à jour.  

En effet, ces prévisions ne tiennent pas compte des nombreuses promesses électorales faites par le Parti libéral du Canada, dont des investissements coûteux dans les infrastructures et l'assurance-emploi. En campagne, les troupes de Justin Trudeau ont déjà annoncé un déficit de 25 milliards sur trois ans (10 milliards par an pour les deux premières années) et un retour à l'encre noire en 2019-20.

Le ministre des Finances, Bill Morneau, s'est néanmoins engagé à respecter ces engagements électoraux, dont celui de réduire le ratio de la dette fédérale au PIB, et d'équilibrer le budget dans les délais prévus. 

En point de presse, M. Morneau n'a pas voulu dire si la situation signifie qu'Ottawa engendrera un déficit plus important que prévu au cours des prochains exercices budgétaires. Il a précisé qu'il analysera la situation financière et fiscale de l'appareil fédéral d'ici au dépôt du prochain budget pour identifier des moyens d'économiser de l'argent. « Dans un budget de près de 300 milliards de dollars, trouver de tels gains d'efficacité est un objectif raisonnable », a-t-il dit.

Son ministère explique la situation actuelle par des facteurs tels que la chute des prix du pétrole et des matières premières, la volatilité de l'économie mondiale et une révision à la baisse du PIB nominal de 46 milliards par année, pour tenir compte de l'ensemble de ces risques et de l'évaluation d'économistes du secteur privé. Ces économistes prévoient maintenant une croissance du produit intérieur brut (PIB) réel de 1,9 % par année en moyenne de 2015 à 2019, soient 0,2 % de moins que ce qui avait été prévu au dernier budget.