Postes Canada propose d'augmenter une nouvelle fois le prix unitaire des timbres-poste achetés en carnets en les faisant passer de 85 à 90 cents à compter de 2016.

La société de la Couronne a justifié la nécessité de procéder à cette majoration tarifaire en plaidant que le déclin des volumes de courrier continue d'avoir une «importante incidence» sur sa situation financière.

Elle soutient en outre agir de la sorte pour continuer à prendre «toutes les mesures nécessaires» afin d'assurer l'avenir du service postal et éviter de devenir un fardeau pour les contribuables.

«C'est certain que ce n'est jamais populaire d'augmenter les prix, sauf qu'il faut refléter ce que ça coûte pour opérer», a fait valoir en entrevue téléphonique la porte-parole de Postes Canada, Anick Losier.

Selon les estimations de Postes Canada, un ménage canadien moyen achète moins de deux timbres-poste par mois, tandis que les petites entreprises en achètent moins de 250 par année.

Le projet de règlement, qui sera publié dans l'édition du 11 juillet de la Gazette du Canada, aura donc un impact financier somme toute négligeable, estime Mme Losier, qui «n'écarte pas» de nouvelles augmentations de prix sur les timbres à moyen terme.

«On va toujours essayer de faire en sorte que le prix des timbres reflète le coût pour livrer le courrier à travers le pays et garder la même offre de service ou le même standard de service», a-t-elle expliqué.

La société suggère également une bonification du prix du courrier recommandé au pays (de 9$ à 9,25$) et des envois à destination des États-Unis (de 1,20$ à 1,25$ par lettre de 30 grammes et moins) et de l'étranger (de 2,50$ à 2,60$ par lettre de 30 grammes et moins).

Le prix des timbres-poste achetés individuellement, lui, demeurerait stable, à 1,00$ l'unité, a précisé Postes Canada.

Les augmentations de prix entreraient en vigueur le 11 janvier 2016 et remplaceraient les tarifs en vigueur depuis 21 mois.

La société de la Couronne conseille aux Canadiens qui souhaitent éviter d'être touchés par la majoration tarifaire proposée jeudi d'acheter des timbres permanents avant l'entrée en vigueur des changements.

Postes Canada, qui a déclaré un bénéfice de 194 millions de dollars pour son exercice 2014, a commencé à mettre à exécution en février 2014 son plan d'interruption permanente de la livraison du courrier à domicile, une mesure qu'elle présente aussi comme étant nécessaire pour assurer sa pérennité.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a promis de rétablir ce service s'il est porté au pouvoir, tandis que le Parti libéral du Canada (PLC) s'est pour le moment engagé à décréter un moratoire sur le déploiement du plan, qui est contesté par de nombreuses municipalités à travers le Canada.

L'attaché de presse de la ministre fédérale responsable de Postes Canada, Lisa Raitt, n'a pas souhaité commenter les hausses de prix suggérées jeudi.

«Postes Canada, en tant que société d'État indépendante, est responsable de ses opérations», s'est contenté d'écrire dans un courriel Zach Segal.

Le gouvernement conservateur fait ainsi la démonstration de son «manque de vision» et de son «manque de volonté politique», a accusé le député néo-démocrate Hoang Mai.

«On se rappellera que la journée où Postes Canada a annoncé son plan (qui prévoyait la fin de la livraison à domicile), tout de suite, le gouvernement était en accord et approuvait», a-t-il souligné en entrevue téléphonique.

Le député a vertement critiqué la société de la Couronne pour cette nouvelle hausse, qui s'inscrit dans un plan d'affaires témoignant, selon lui, d'une gestion déficiente.

«Pour une entreprise normale, aucun plan d'affaires qui parle d'augmenter les prix et de baisser les services ne tiendrait la route», a suggéré M. Mai, invitant Ottawa à s'asseoir avec Postes Canada pour tenter de trouver de nouvelles sources de revenu.

«On est conscients, au NPD, qu'effectivement, il y a une diminution de l'utilisation des lettres. Par contre, on sait qu'au niveau des colis, ça augmente, comme au niveau des transactions sur Internet», a-t-il complété.