La Banque du Canada a tenté de se montrer rassurante, jeudi, après qu'un récent rapport eut témoigné d'une contraction de l'économie du pays pendant les trois premiers mois de l'année, en faisant valoir que la performance du pays n'avait été que légèrement moins bonne qu'elle ne l'avait prévu.

Mais la banque centrale n'a pas détaillé dans quelle mesure les données sur le premier trimestre influenceraient les prévisions de son gouverneur Stephen Poloz pour le reste de l'année.

M. Poloz offrait jeudi ses premières remarques publiques depuis que Statistique Canada a indiqué que l'économie s'était contractée au rythme annualisé de 0,6% pendant le premier trimestre. Cette performance était inférieure aux prévisions de plusieurs observateurs, notamment celles de la banque centrale, qui visait plutôt une croissance de zéro pour cent.

Les économistes ont, pour leur part, rapidement réagi en sabrant dans leurs prévisions pour le produit intérieur brut - la mesure de la croissance économique - pour le reste de l'année.

À l'approche de l'élection fédérale prévue en octobre, la révision à la baisse des attentes a alimenté le débat politique entourant l'économie du pays. Le ministre des Finances, Joe Oliver, a tenté de minimiser les inquiétudes entourant les pépins connus par l'économie au premier trimestre.

M. Poloz a pour sa part offert peu d'indications, jeudi, sur l'impact qu'aurait la performance du premier trimestre sur les prévisions de la banque centrale, qui devraient être dévoilées lors de sa prochaine décision sur son taux d'intérêt directeur, le 15 juillet.

Il a cependant offert certains commentaires sur certaines des premières données déjà divulguées au sujet du deuxième trimestre.

Le gouverneur a souligné que la récente performance du marché de l'emploi avait été «très impressionnante», mais il s'est aussi dit «légèrement déçu» par les données sur le commerce international.

«Notre point de départ est plus bas lorsque nous nous lançons dans ces nouvelles prévisions», a affirmé M. Poloz, en faisant référence à la performance du premier trimestre.

Il a en outre reconnu que les chiffres du produit intérieur brut des trois premiers mois de l'année avaient été inférieurs à ses attentes: «Un peu inférieur à ce que nous nous attendions, mais pas de façon importante», puisqu'il ne s'agissait que d'environ un demi-point de pourcentage de différence avec sa prévision.

Plus tôt cette année, M. Poloz avait étonné en affirmant, lors d'un entretien avec le Financial Times, que la chute des prix du pétrole ferait en sorte que les données économiques canadiennes seraient «atroces» pour le premier trimestre.

En avril, la Banque du Canada a projeté que le PIB grimperait de 1,8% au deuxième trimestre, pour atteindre une moyenne de 1,9% pour l'ensemble de 2015.

Les économistes du secteur privé jugent que la banque centrale devrait éventuellement réviser à la baisse cette prévision, à la lumière des plus récentes données.

La glissade de l'économie canadienne au début de l'année a été attribuée à plusieurs facteurs, notamment aux conditions hivernales particulièrement difficiles dans plusieurs parties de l'Amérique du Nord, à la plus faible demande que prévue de la part des États-Unis et à l'écroulement des prix du pétrole.

M. Poloz a évoqué jeudi la portée toujours incertaine des conséquences économiques du plongeon des prix du pétrole pour le pays exportateur de brut.

«Nous admettons que nous n'avons pas encore une lecture précise du choc lié aux prix du pétrole. À plusieurs égards, nous allons encore étudier ce choc pendant un certain temps.»

L'impact de la faiblesse des prix du pétrole était aussi étudié dans la plus récente revue du système financier de la banque centrale, publiée jeudi.

Selon l'évaluation semestrielle des faiblesses potentielles et des risques au système financier, la forte correction des prix du pétrole rend le pays plus vulnérable à tout événement significatif qui pourrait entraîner des pertes d'emplois généralisées et une baisse des revenus.

Les conséquences réduiraient la capacité des Canadiens d'assurer le service de leurs dettes et pourraient entraîner une correction généralisée des prix des maisons, a ajouté la banque.

L'institution a identifié la hausse croissante de l'endettement des ménages au pays et son marché immobilier constamment surévalué comme étant les principales vulnérabilités de son système financier.

La Revue souligne par ailleurs les faiblesses particulières dans la région productrice de brut albertain, où la proportion de ménages lourdement endettés est parmi les plus élevées au Canada, selon la banque.

Le document précise cependant que la chute des cours du pétrole en elle-même ne provoquera probablement pas un choc considérable sur le système financier et que la probabilité de récession grave demeure faible.

La banque centrale estime en outre que les réformes financières en cours au pays et à l'étranger ont amélioré la capacité du Canada à absorber les chocs économiques.