Le ministre fédéral des Finances, Joe Oliver, ne veut pas préciser à quel moment il déposera son prochain budget. Il a déjà indiqué, jeudi, que ce ne sera pas avant le mois d'avril.

Vendredi à Toronto, il a justifié son refus d'être plus précis en affirmant qu'il ne voulait pas se lancer dans des «hypothèses négatives» à ce sujet.

En repoussant ainsi la présentation du budget fédéral, le ministre des Finances dit vouloir prendre le temps de mesurer les répercussions de la chute du prix du pétrole sur l'économie canadienne. Les budgets fédéraux sont habituellement déposés avant la fin de l'exercice le 31 mars, chaque année.

Le ministre Oliver a aussi justifié la décision gouvernementale d'accorder des allègements fiscaux aux familles, l'an passé, alors que le prix des hydrocarbures commençait à chuter, en affirmant que les surplus devaient servir à quelque chose. Le gouvernement pensait alors que les surplus devaient bénéficier aux Canadiens, a-t-il objecté.

La décision de reporter le dépôt du prochain budget fédéral reflète ni plus ni moins l'obsession du gouvernement conservateur d'équilibrer ses finances avant les prochaines élections, a soutenu l'ancien Directeur parlementaire du budget.

Prenant la parole lors d'un caucus stratégique du Nouveau Parti démocratique (NPD) à Ottawa, Kevin Page a dit voir une manoeuvre politique dans la décision surprenante de M. Oliver de repousser le dévoilement du budget au moins jusqu'en avril.

«Je crois que nous savons tous pourquoi nous n'avons pas de budget: parce qu'il sera très dur de respecter cet engagement (d'équilibre budgétaire) pour le moment, étant donné que l'économie mondiale a déjoué les attentes du gouvernement», a exposé M. Page.

«Mais s'agit-il même d'un engagement approprié envers un budget équilibré en 2015?», a-t-il lancé.

Dans une note à ses clients, vendredi, l'économiste en chef de BMO Groupe financier, Douglas Porter, a affirmé que le contexte économique actuel laissait très peu de marge de manoeuvre au gouvernement.

Pour équilibrer le budget, le gouvernement devrait dépenser entièrement son fonds de prévoyance de 3 milliards $, ne laissant plus rien pour de nouvelles mesures, a écrit M. Porter.

«Bien sûr, il s'agit bien plus d'un enjeu politique que d'un enjeu économique, alors que les creux records dans les rendements des (obligations du gouvernement du Canada) à long terme laissent croire qu'il n'y a absolument aucune inquiétude des marchés quant aux perspectives fiscales à moyen terme d'Ottawa», a fait valoir l'économiste.