Malgré des résultats mitigés en fin d'exercice 2014, les principales banques canadiennes ont augmenté au montant record de 12,2 milliards de dollars la valeur des divers bonis et primes au rendement versés à leurs dizaines de milliers d'employés au Canada et l'étranger.

Il s'agit d'une hausse de 13% par rapport au montant de 10,8 milliards comptabilisé l'an dernier par les banques à titre de «rémunération variable liée à la performance», révèle un examen de leurs états financiers détaillés.

Cette hausse globale de 13% des bonis et primes aux employés des banques s'avère aussi supérieure à la croissance de 8% du bénéfice net des sept principales banques, qui a totalisé 33,3 milliards en 2014.

Par ailleurs, élevée à plus 12 milliards, la valeur des bonis et primes au rendement représente maintenant près du tiers (31%) de la masse salariale totale de 39,4 milliards comptabilisée parmi les sept banques.

«Une telle part de la masse salariale en bonis et primes dans le secteur bancaire demeure de loin la plus élevée parmi tous les principaux types d'employeurs, où elle varie de 5 à 15%. Manifestement, ça témoigne d'une culture d'affaires particulière parmi les banques quant à leur politique de rémunération», a commenté Richard Saucier, président de la firme Saucier-conseil, spécialiste d'expérience dans la collecte et l'analyse de données de rémunération parmi des centaines d'entreprises québécoises de taille intermédiaire.

Selon Sylvie St-Onge, professeure en gestion de la rémunération à HEC Montréal, «en règle générale, plus la proportion des primes et bonis s'accroît dans la rémunération totale, plus élevé devient le risque pour les entreprises que leurs employés privilégient leurs avantages personnels à court terme au détriment d'autres facteurs à moyen terme comme la qualité des services fournis à la clientèle desservie».

Dans le secteur bancaire en particulier, poursuit Mme St-Onge, «on a vu dans les analyses de la crise financière de 2008 à quels excès peuvent mener des politiques de rémunération qui reposent surtout sur des bonis et primes à la performance quantitative à court terme, avec trop peu de considérations pour des mesures qualitatives à moyen terme».

Lobby des banquiers

Par ailleurs, ce constat du niveau élevé des bonis et primes dans la masse salariale des banques survient alors que leur principal regroupement d'affaires, l'Association des banquiers canadiens (ABC), intensifie son lobby auprès du gouvernement Couillard au Québec afin qu'il écarte son projet d'une taxe additionnelle sur leur masse salariale.

Annoncée lors de la mise à jour budgétaire du Québec, le 2 décembre dernier, cette surtaxe salariale dans le secteur bancaire pourrait valoir plus de 120 millions par an en revenus fiscaux additionnels, dans deux ans.

Mais pour l'ABC, dont les membres disent employer 45 880 personnes au Québec, «cette augmentation à la surtaxe temporaire sur les salaires payés par les banques demeure une taxe sur les emplois bancaires au Québec et, donc, sur la création d'emplois dans la province».

L'Association des banquiers critique aussi la particularité sectorielle de cette surtaxe sur la masse salariale. «Nous croyons que les impôts sur les sociétés doivent être neutres dans leur portée et ne pas viser un secteur plutôt qu'un autre», avait-elle indiqué après le récent énoncé du ministre québécois des Finances, Carlos Leitao.

Sources: États financiers détaillés de fin d'exercice 2014 des sept principales banques canadiennes

Bonis et primes aux employés des banques