Tout porte à croire que cette fois-ci est la bonne: le secteur manufacturier canadien (et québécois) sort enfin de sa léthargie.

Si un mois ne fait pas plus une tendance qu'une hirondelle le printemps, les données publiées hier par Statistique Canada sont très encourageantes.

La valeur des ventes des manufacturiers a bondi de 2,1% en septembre, d'un océan à l'autre, et même de 6,8% au Québec.

Depuis un an, estime Statistique Canada, elles progressent de 7,3% à l'échelle du Canada et de 11,5% dans sa société distincte.

Dans le cas du Québec, la valeur des livraisons frôle même le sommet de 2008.

Cette performance s'explique notamment par le recul du dollar canadien durant le mois qui a fait ballonner la valeur des expéditions de matériel aéronautique et des métaux de première transformation, dont les prix sont exprimés en dollars américains. Ce sont deux segments manufacturiers de première importance au Québec.

Il y a mieux. Les ventes des manufacturiers québécois ont enregistré un sixième gain en neuf mois. Le lobby Manufacturiers et exportateurs du Québec fait observer que la variation annuelle est positive pour le 12e mois consécutif, ce qui l'amène à décréter que c'est suffisant pour confirmer une reprise.

L'emploi en usines accuse néanmoins un repli de 2300 postes en un an en septembre, soit la quasi-totalité du solde négatif canadien.

Cela montre bien que si la valeur des ventes est fortement à la hausse, les volumes n'ont pas encore enregistré la même poussée. Des gains de productivité ont sans doute été réalisés aussi. 

Fait à noter toutefois, les volumes de ventes ont augmenté de 2,3% en septembre à l'échelle canadienne. L'agence fédérale ne produit malheureusement pas de résultats sur une base provinciale pour cette série. On peut néanmoins présumer qu'il y a eu croissance au Québec, là où la valeur des livraisons a le plus augmenté au cours du mois.

Pour le trimestre, le secteur manufacturier a contribué à l'expansion de l'économie canadienne pour le deuxième fois d'affilée. Le bon chiffre de septembre a aussi donné une belle lancée au quatrième trimestre que vient renforcer l'augmentation de 4,9% de la valeur des nouvelles commandes.

Les fortes baisses du prix de l'essence stimulent les achats ailleurs que dans les stations-service, ce qui fait l'affaire de la plupart des manufacturiers de biens de consommation.

Ainsi, en octobre aux États-Unis, la valeur des ventes des détaillants a augmenté de 0,5%, en dépit du repli de 1,5% de celle des pompistes, le troisième d'affilée.

Le Canada en profite sans doute un peu. L'embellie de ses exportations vers les États-Unis fait en sorte qu'il se dirige vers un surplus commercial cette année, le deuxième seulement du présent cycle.

Selon la Banque Nationale, la chute du prix de l'or noir est l'équivalent d'un stimulus de l'économie mondiale d'environ un point de pourcentage.

Pour le Québec, où l'industrie manufacturière représente encore de 12 o 13% de la taille de son économie, il s'agit d'un changement positif de premier plan. Non seulement cela équivaut à une baisse d'impôt pour les très nombreux automobilistes, mais encore c'est un élément susceptible de diminuer son déficit commercial, devenu structurel au début du millénaire. Le Québec importe 100% du pétrole qu'il consomme, à hauteur de 10 milliards par année de l'étranger et, depuis peu, de quelques milliards de l'Alberta et des États-Unis.