Les fortes hausses du prix des timbres et des tarifs chez Postes Canada, qui avaient été annoncées en décembre dernier, sont entrées en vigueur lundi.

Les clients qui achètent leurs timbres en carnets ou en rouleaux paient désormais 0,85 $ par timbre pour les envois de lettres.

Ceux qui s'en procureront à l'unité devront débourser 1,00 $ par timbre postal, alors que le tarif antérieur était de 0,63 $.

Ces augmentations de tarifs font partie d'un plan de restructuration des services postaux, qui abolit aussi graduellement la livraison du courrier à domicile d'ici cinq ans.

Selon le Nouveau Parti démocratique (NPD), il n'est pas trop tard pour renverser la vapeur: Postes Canada peut encore abandonner son plan inadéquat et préserver la livraison à la maison par les facteurs.

«C'est possible», a indiqué en point de presse lundi le député néo-démocrate Alexandre Boulerice, nouvellement nommé porte-parole en matière de postes.

«Surtout que l'on voit que Postes Canada ne sait pas trop quoi faire avec son plan dans les grandes villes», a-t-il ajouté.

Les citoyens ont protesté et se sont mobilisés en grand nombre contre les changements au service postal, a-t-il fait valoir.

«Du jamais vu», a déclaré M. Boulerice en montrant des piles de cartes postales, envoyées par des citoyens pour signaler leur inquiétude - ou leur colère - contre les changements.

«Les gens veulent conserver leur service postal et ils veulent le conserver public», a résumé le député Boulerice.

Il a d'ailleurs interpellé la ministre responsable de Postes Canada, Lisa Raitt, en Chambre aujourd'hui.

«Au lieu de laisser leurs amis saccager notre service des postes et d'aller chercher l'argent dans les poches des contribuables, pourquoi les conservateurs ne travaillent-ils pas à assurer l'avenir de ce service public avec de nouveaux revenus?», a demandé le néo-démocrate.

«Pour le bien commun, on veut s'assurer que les contribuables n'aient pas à éponger les pertes potentielles de Postes Canada qui résulteraient de la livraison du courrier qui n'est plus aussi importante en terme de quantité qu'avant, si on regarde le nombre de lettres qui sont postées», s'est défendue Mme Raitt.

«Postes Canada a reconnu ce problème. Le gouvernement a reconnu le problème. Il est temps d'aller de l'avant et mettre ce plan en oeuvre», a-t-elle ajouté.

Parmi les autres hausses de tarifs, il est à noter que le prix à l'unité pour un envoi d'un poids d'entre 30 et 50 grammes s'élève à 1,20 $, alors qu'il est de 1,80 $ pour les envois d'entre 50 et 100 grammes.

Les tarifs se situent entre 1,20 $ et 2,95 $ pour les envois aux États-Unis et entre 2,50 $ et 5,90 $ pour les envois ailleurs dans le monde.

Postes Canada estime que l'augmentation aura un impact annuel de 5 $ sur les ménages achetant des timbres individuels pour envois au Canada, puisqu'un ménage moyen achète de 12 à 24 timbres par année.

Le président du syndicat des travailleurs des postes, Denis Lemelin, aussi présent au point de presse, a dénoncé ce qu'il appelle «une double mesure» pour le prix des timbres.

«Il y a un prix pour les amis (les grandes entreprises) et un prix pour monsieur et madame tout le monde», a-t-il dénoncé.

Alors que les citoyens devront payer un dollar par timbre (85 cents chacun lorsqu'achetés en carnets), les grandes sociétés qui possèdent des machines à affranchir le courrier n'auront à débourser qu'entre 69 et 75 cents par lettre.

«On veut un tarif équitable pour tout le monde», a ajouté M. Lemelin.

Les timbres permanents qui portent la lettre «P» à la place du prix sont encore acceptés même s'ils ne sont plus en vente depuis décembre.

Postes Canada affirme que sa rentabilité est menacée et dit devoir prendre des décisions d'affaires pour maintenir ses secteurs les plus profitables comme la livraison des colis. La lettre-poste serait de moins en moins utilisée vu l'usage toujours grandissant des courriels et des transactions par internet, dit la société postale.

Ainsi, elle avait aussi annoncé en décembre que ses autres mesures de restrictions budgétaires comprenaient aussi le départ de quelque 15 000 de ses employés qui quitteront l'entreprise ou prendront leur retraite d'ici quatre ans et demi. Cela devrait aider à réduire le personnel d'entre 6000 à 8000 postes, principalement au moyen de l'attrition, estime la société d'État.

Le syndicat estime qu'une meilleure solution existe. Elle ne viserait pas à sabrer dans les travailleurs ni dans les services offerts aux Canadiens. M. Lemelin croit qu'une façon d'assurer la survie du service postal - et même d'engranger des revenus supplémentaires - est d'offrir de nouvelles options comme des services bancaires postaux.

Postes Canada a réalisé une étude détaillée de 800 pages afin de vérifier la rentabilité de cette possibilité, a-t-il fait remarquer. Mais l'entreprise ne veut pas la rendre publique. Il affirme en avoir obtenu des extraits - hautement censurés - après avoir fait une demande d'accès à l'information.

Selon lui, cette option serait rentable et donc «gagnante-gagnante», à la fois pour l'entreprise et les citoyens.

Il déplore que la société d'État ait étouffé cette étude.