Tandis que le gouvernement fédéral est en voie d'éliminer son déficit d'ici 18 mois, la majorité des provinces prévoient continuer de présenter des budgets écrits à l'encre rouge pendant encore quelques années.

En fait, la situation financière des provinces est si délicate qu'elles ont présenté pour la première fois durant l'exercice financier 2012-2013 un déficit combiné supérieur à celui d'Ottawa, soit environ 25 milliards de dollars comparativement à 18,9 milliards pour le gouvernement fédéral, selon des données obtenues par La Presse.

Durant les exercices financiers précédents, le déficit combiné des provinces était nettement inférieur à celui du fédéral. À titre d'exemple, le manque à gagner s'élevait à 17,7 milliards pour l'ensemble des provinces en 2011-2012, alors qu'il était de 26,2 milliards pour Ottawa.

Écart croissant

Cet écart fiscal entre Ottawa et les provinces risque d'ailleurs de s'accentuer au cours des prochains exercices financiers. Le ministre des Finances, Jim Flaherty, prévoit un déficit de 17,9 milliards en 2013-2014, de 5,5 G$ en 2014-2015 et un surplus de 3,7 milliards en 2015-2016.

Tout indique que M. Flaherty ajustera ses projections lorsqu'il déposera son prochain budget à la Chambre des communes, vraisemblablement le mardi 11 février. Il a récemment fait savoir qu'il s'attend maintenant à une augmentation du surplus en 2015-2016.

Les provinces, elles, devraient enregistrer un déficit combiné d'environ 16 milliards en 2013-2014, soit presque autant qu'Ottawa. Mais en 2014-2015, leur déficit devrait être presque trois fois plus important que celui du gouvernement fédéral (14,0 milliards environ comparativement à 5,5 milliards) et il devrait dépasser les 8 milliards en 2015-2016, alors que le ministre Flaherty prévoit un premier surplus fédéral en sept ans.

À l'heure actuelle, l'Ontario est responsable de la majorité de l'encre rouge des provinces. Son déficit devrait être de 11,7 milliards en 2013-2014 et de 10,0 milliards durant l'exercice financier suivant. La province la plus populeuse ne prévoit pas rétablir l'équilibre budgétaire avant 2017-2018.

Le Québec, pour sa part, a été contraint de revoir ses calculs l'automne dernier. Le déficit doit être de 2,50 milliards en 2013-2014 et de 1,75 milliards en 2014-2015. Le gouvernement Marois prévoyait pourtant, il y a six mois, un déficit zéro durant l'exercice financier en cours, qui prend fin le 31 mars.

Budgets équilibrés

Cette année, quatre provinces seulement, la Saskatchewan, l'Alberta, la Colombie-Britannique et la Nouvelle-Écosse, devraient réussir à présenter des budgets excédentaires. Dans le cas de la Saskatchewan, il s'agira de son 20e budget équilibré ou excédentaire de suite.

À la lumière de ces chiffres, certaines provinces risquent d'exercer de nouvelles pressions sur le gouvernement Harper pour qu'il leur donne un coup de pouce financier. Le ministre des Finances de l'Ontario, Charles Sousa, a d'ailleurs lancé quelques flèches en direction d'Ottawa en décembre en affirmant que sa province ne reçoit pas sa juste part du gouvernement fédéral. Le gouvernement Marois, pour sa part, a soutenu que le gouvernement Harper est en train de recréer le déséquilibre fiscal qui existait autrefois entre Ottawa et les provinces.

Mais Stephen Harper attend les provinces de pied ferme. Il a déjà soutenu que son gouvernement est en voie d'éliminer le déficit sans réduire les transferts aux provinces ni augmenter les impôts.

Dans une entrevue de fin d'année au réseau TVA, M. Harper a aussi déclaré : " C'est franchement juste une question de gestion. Depuis notre arrivée en fonction, les transferts fédéraux aux provinces ont augmenté de plus de 50 %. Pour l'Ontario, c'est plus de 60 %. Certaines provinces ont fait des choix qui les placent dans une mauvaise position financière ", a-t-il dit.