En plus de construire un oléoduc qui traversera la province, TransCanada (T.TRP) envisage de construire un terminal portuaire près de Québec pour y exporter du pétrole albertain. Un projet qui pourrait bien raviver le souvenir du controversé projet Rabaska.

La possibilité de construire un port près de la capitale provinciale est passée inaperçue, mardi, lorsque TransCanada a levé le voile sur son mégaprojet Energy East. Le site web francophone mis en ligne par la société n'en fait pas mention.

Philippe Cannon, porte-parole de TransCanada, a toutefois confirmé que l'entreprise envisage d'aménager des terminaux à Québec et à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, pour charger du brut sur des navires.

«Nous sommes en appel de soumissions exécutoires et nous devons examiner toutes les possibilités qui s'offrent à nous dans ce contexte», a-t-il indiqué.

TransCanada tâte actuellement l'intérêt de clients potentiels et attend le résultat de cette consultation avant de déterminer la forme finale de son mégaprojet. C'est pourquoi le terminal portuaire - comme l'oléoduc, d'ailleurs - pourrait très bien ne jamais voir le jour, précise M. Cannon.

Et si la société décide d'aller de l'avant avec la construction d'un port, ce sera en partenariat avec d'autres entreprises.

Souvenirs de Rabaska

La perspective de voir un terminal pétrolier aménagé sur les rives du Saint-Laurent risque de raviver des souvenirs aux écologistes qui se sont mobilisés contre le port méthanier Rabaska. Ce projet d'un milliard, piloté par Gaz Métro, Enbridge et Gaz de France, a provoqué une levée de boucliers chez les résidants de la Rive-Sud près de Québec et ceux de l'île d'Orléans.

Malgré un rapport favorable du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), le projet a été mis sur la glace, conséquence de la chute des prix du gaz naturel.

Les écologistes ont promptement tracé un parallèle entre ces deux projets.

«Ce type de projet rallumerait certainement la flamme des opposants à Rabaska, qui ont déjà pleinement démontré leur détermination à bloquer ce type de projet qui ne ferait qu'augmenter notre dépendance aux combustibles fossiles», a souligné le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin.

La ministre québécoise des Ressources naturelles, Martine Ouellet, a pris note de ce volet du projet de TransCanada.

«C'est un aspect important à évaluer, a-t-elle indiqué. Pour l'instant, toutefois, on n'a pas la version finale de TransCanada.»

Mme Ouellet rappelle que des pétroliers circulent déjà sur le fleuve Saint-Laurent. En effet, la raffinerie d'Ultramar à Lévis s'approvisionne en brut livré par bateau.

Ultramar exploite un terminal pétrolier situé tout près des ponts de Québec. L'entreprise a indiqué qu'elle ne planifie pas de conversion de ces installations pour l'exportation.

TransCanada a mis fin à des mois de préparatifs, mardi, en dévoilant son intention de convertir en oléoduc un gazoduc qui traverse le pays pour y transporter du pétrole dérivé des sables bitumineux.

L'entreprise bâtira aussi un pipeline qui traversera le Québec d'ouest en est pour atteindre la raffinerie de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick.

D'une capacité de 850 000 barils par jours, Energy East serait plus imposant encore que Keystone XL, que TransCanada souhaite compléter aux États-Unis.